LM Fiction de Jimmy Laporal-Trésor, France, 2022
Sortie France : 11 janvier 2023
Les cinéastes français préfèrent filmer les accrochages de bandes en banlieue plutôt que dans la capitale. Hormis de rares exceptions comme Un Français de Diastème, 2015, Paris est peu abordé comme une scène de violences, de frictions où les skinheads et l’extrême droite accaparent le terrain sur fond de racisme. C’est pourtant ce que traite Jimmy Laporal-Trésor avec son premier long-métrage, Les Rascals, 2022. Une fiction ambitieuse qui cherche à combiner spectacle et réflexion.
Le réalisateur, né en métropole d’une famille guadeloupéenne, a grandi aux abords de Paris avant d’y étudier la médecine puis la communication, et de se lancer dans l’écriture de films courts. Il passe à la réalisation avec Le Baiser, 2013, et Soldat noir qui lui vaut le César du court-métrage 2022. L’histoire de ce dernier, centrée sur un Antillais qui se radicalise pour contrer le racisme des années 80, en chassant les skinheads, préfigure celle proposée dans Les Rascals, écrit et préparé dans la foulée.
Le récit s’ouvre en 1977, quand Rudy, jeune Antillais, et un jeune Arabe qui s’opposent, font front commun contre une bande de droite dont le leader tabasse l’un d’eux. En 1984, le jeune Arabe qui se fait appeler Rico, anime la bande des Rascals avec Rudy. Chez un disquaire, il retrouve son agresseur et se venge. Frédérique, la sœur de ce dernier, qui a tout vu, s’indigne qu’il ne veuille pas dénoncer les Rascals.
Cette étudiante se rapproche alors de Adam, un étudiant activiste de droite, qui appuie la montée du Front National en le trouvant trop modéré. Séduite par Adam, Frédérique assiste aux réunions et aux expéditions punitives de l’extrême droite. Et Rudy, l’Antillais de la bande des Rascals, menacée de représailles par les sbires de Adam, se débat avec sa famille. La vengeance s’oriente vers un combat raciste où les proies ne sont pas aidées par la police. Le sang coule.
Le film brasse avec énergie, l’évocation des années 80 à Paris, la rivalité des bandes entre Rascals, skinheads, Antillais, gangs d’extrême droite ascendante. Le récit qui démarre sur les déambulations des Rascals, se concentre sur la relation entre Adam, le fasciste, et Frédérique, l’étudiante au frère battu. « Ce sont des jeunes qui étudient dans de bonnes universités. Il y a même une histoire romantique entre Frédérique et Adam », commente Jimmy Laporal-Trésor. « On plonge petit à petit dans l’enfer, avec eux. » Mais le souci d’éviter la schématisation sans juger, anime le cinéaste.
Il expose la tension de Frédérique. « On réalise petit à petit qu’elle nourrit de la haine et a décidé de riposter. Le cycle de la vengeance ne donne jamais rien de bon », souligne le cinéaste, pointant la violence sociale ambiante : « Leur alchimie amoureuse devait provoquer une fascination morbide. Certaines scènes ont d’ailleurs été spécifiquement écrites pour provoquer un sentiment d’extrême malaise. »
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