Talking about trees : cultiver l’amour du cinéma au Soudan

LM Documentaire de Suhaib Gasmelbari,
France / Soudan / Tchad / Allemagne, 2019
Sortie France : 18 décembre 2019

Même si on y tourne peu, le Soudan reste un pays traversé par le cinéma. Et Talking about trees de Suhaib Gasmelbari vient le rappeler en bravant les pressions. Car le Soudan est une République fédérale secouée par des coups d’États militaires dont celui de 1989 où Omar el-Bechir s’est installé au pouvoir, mettant en coupe réglée la liberté d’expression. Depuis la sécession du Sud en 2011, et les mouvements de protestation qui ont chassé le dictateur en 2019, le pays tente de se réorganiser.
C’est dans ce moment particulier que le film de Suhaib Gasmelbari s’illustre dans les festivals, de la Berlinale 2019 où il décroche le prix documentaire et le prix du Public, jusqu’aux JCC de Tunis où il obtient le Tanit d’or de sa catégorie. Le réalisateur, né en 1979, au Soudan, savoure ces distinctions en prévision de la distribution en salles, favorisée par une coproduction entre la France, le Soudan, le Tchad et l’Allemagne. Exilé pendant neuf ans, il est revenu pour réveiller le cinéma local avec Talking about trees.

Les héros sont quatre réalisateurs de la première génération qui ont fondé le Sudanese Film Grup pour entretenir la flamme du 7ème art. Suliman Ibrahim, formé au VGIK de Moscou, s’est fait remarquer avec Et pourtant la terre tourne, récompensé à Moscou en 1979. Son complice Ibrahim Shaddad, lui, a étudié le cinéma à l’université de Babelsberg (Allemagne), et a signé des films comme La Corde, primé à Damas en 1987. Après des années d’exil, il est revenu s’installer au Soudan. Mar Al-Hilo a eu son diplôme de cinéma au Caire avant de devenir producteur puis directeur exécutif du Sudanese Film Grup. Comme lui, Eltayeb Mahdi a appris le cinéma au Caire où il a en un Prix du court-métrage pour Le Tombeau en 1973. « C’est vraiment la génération qui portait l’espoir d’un vrai cinéma d’auteurs très idéalistes », souligne Suhaib Gasmelbari.
Révoltés et passionnés, les cinéastes s’engagent au Ministère de la Culture où ils créent une section cinéma et peuvent tourner avec du matériel léger. Mais le coup d’État de 1989 interrompt tout car le Front national islamique qui se développe se méfie des images et des projections qui rassemblent les gens. La visite des locaux du Sudanese Film Grup en 2015 est l’occasion de découvrir le matériel 35mm rouillé, les bobines de films entreposées à côté de vieilles VHS ou le projet d’un film, Les Crocodiles de Ibrahim Shaddad, compromis par le coup d’Etat.

 

Lire la suite sur le site africine.org

Author: Michel Amarger

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