Soundtrack to a Coup d’Etat : musiques et politiques pour le Congo

LM Documentaire de Johan Grimonprez, Belgique / France, 2024
Sortie France : 1er octobre 2025
Distribution : Les Valseurs

L’Histoire de la République Démocratique du Congo, engluée bien souvent dans des guerres d’intérêts qui la minent, a souvent intéressé des cinéastes belges, comme Thierry Michel qui lui a consacré des films pénétrants depuis le règne puis la chute du président Mobutu. Aujourd’hui, son compatriote Johan Grimonprez revient sur les premiers temps de l’indépendance avec Soundtrack to a Coup d’Etat, 2024, axé sur l’action contrariée de Patrice Lumumba.
Ce réalisateur qui travaille beaucoup à New York, s’intéresse à la progression et l’importance des médias tout en sondant les distorsions du dialogue entre politique et social. Il développe des longs-métrages avec des écrivains comme Dial H-I-S-T-O-R-Y, 1997, Double Take, 2009, ou un journaliste pour Shadow World, 2016, avant d’examiner l’implication de la Belgique et des Etats-Unis dans la confiscation d’un pouvoir émancipé de la colonisation, tenté par Lumumba dans les années 60.

Le film brosse l’époque de la Guerre froide qui agite les Etats-Unis et l’URSS, ainsi que la décolonisation du continent africain avec de nombreuses images d’archives, sur un montage rythmé par le jazz. Après avoir souligné la manière dont les autorités américaines utilisent l’engouement pour des musiciens, des chanteurs tels John Coltrane, Louis Armstrong ou Nina Simone, pour assurer leurs vues, le film aborde l’accession au pouvoir de Patrice Lumumba. Il retrace la manière dont l’Organisation des Nations Unies qui intègre 16 nouveaux pays d’Afrique, devient un élément déstabilisateur pour contrecarrer l’idée d’Etats Unis d’Afrique.
Soucieux de garder la main sur l’uranium congolais, indispensable au maintien de la dissuasion nucléaire face aux Soviétiques, le président Eisenhower, rejoint par le Britannique Winston Churchill et l’Etat belge, intervient pour privatiser l’Union minière du Haut Katanga, trois jours avant l’indépendance. Et la personnalité rebelle de Lumumba devient un emblème à éliminer. Pour assurer ce coup d’Etat, la CIA distraie l’opinion publique en envoyant des musiciens de jazz en tournée africaine, comme Armstrong dont les bagages servent à faire circuler de l’argent et des armes d’un coté à l’autre du continent.

Le documentaire, établi sur l’accord secret passé entre les trois pays occidentaux pour rester implantés au Congo, vibre des images d’archives, des actualités, des morceaux de jazz endiablés. Et pour mieux conter la destruction de l’émancipation africaine de l’époque, Johan Grimonprez suit le regard d’Andrée Blouin, une activiste centrafricaine qui militait pour les droits des femmes en appuyant Lumumba et en intégrant son gouvernement.
Le diplomate irlandais Conor Cruise O’Brien apporte une vision décomplexée et précise des interventions occidentales tandis que l’écrivain belge et congolais In Koli Jean Bofane envisage les responsabilités avec plus de hauteur. La verve de Nikita Khrouchtchev s’élevant contre les manœuvres des Américains en défendant l’autodétermination africaine, résonne avec sarcasme et pertinence.

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Author: Michel Amarger

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