Rouge : couleur de colère et de pollution

L’acteur Farid Bentoumi s’est imposé comme réalisateur par des courts-métrages remarqués tel Brûleurs, 2011, avant de défendre les couleurs de ses racines algériennes dans Good Luck Algeria, 2016. Cette comédie, basée sur l’histoire de son frère, candidat aux Jeux Olympiques d’hiver en portant le drapeau algérien, pouvait amuser à bon compte. Mais cette année, le cinéaste né en France, voit Rouge, en s’orientant vers un sujet plus social sans détacher son regard du noyau familial.

Nour, jeune infirmière, perd sa place dans l’établissement où elle exerce, pour un moment d’inattention. Son père, Slimane, la propulse alors dans un poste de soignante à l’usine où il travaille depuis des années. Délégué syndical à l’autorité incontestée, il épouse les directives des patrons, en ménageant la survie de l’usine. Alors qu’un contrôle sanitaire doit déterminer si les rejets de l’usine, enfouis sous une zone protégée, vont continuer à être autorisés, une journaliste indépendante, Emma, conteste la gestion des déchets malgré l’assentiment des élus.
Nour qui constate des manquements aux règles sanitaires dans l’usine, bien que son père la rassure, s’invite dans l’enquête d’Emma. Elles tentent de percer les secrets de l’usine qui fait vivre l’économie locale mais pourrait aussi polluer en fragilisant la santé des ouvriers, ou en occultant des accidents. En s’approchant de certaines vérités, Nour se retrouve confrontée à son père qui défend les vues de la direction.

La confrontation s’articule sur la question des déchets, inspirée au réalisateur par l’usine de Gardanne qui rejette des boues rouges toxiques dans la Méditerranée. Mais la fermeture de l’usine, demandée par les autorités, compromettrait l’économie du coin déjà plombée par le chômage. La complexité de la situation accroit la tension développée dans Rouge. Issu de milieu populaire, Farid Bentoumi s’est servi des impressions d’enfance auprès d’un père ouvrier syndicaliste, pour cultiver un style réaliste, renforcé par des enquêtes de terrain.
« Je cherche comment vont réagir les personnages, quelles seront leurs interactions », explique Bentoumi qui retrouve Sami Bouajila, héros de Good Luck Algeria, et lui fait endosser le bleu fatigué du syndicaliste. « Il croit se battre pour ses collègues, pour sa ville, alors qu’il subit ce que lui dicte l’usine », explique le réalisateur. Et lorsque sa fille, interprétée par Zita Hanrot, découvre cette situation, elle s’oppose à Slimane. « C’est très dur pour elle de voir que son père est lâche, même s’il est lâche malgré lui et ne veut pas se l’avouer », estime Bentoumi qui nuance les caractères tel celui du patron, joué par Olivier Gourmet, en mesurant les dangers qui clivent la cellule familiale autour du père : « La culpabilité d’avoir menti à ses filles lui pèse. S’il perd ses filles, il perd tout. »

 

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Vu par Michel AMARGER (Afrimages / RFI / Médias France)

 

Author: Michel Amarger

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