Les formes du pouvoir en Egypte sont encore la cible du réalisateur Tarik Saleh dans Les Aigles de la République, présent en compétition au Festival de Cannes 2025. Cette fiction satirique boucle la trilogie cairote engagée par le cinéaste avec Le Caire Confidentiel, 2017, puis La Conspiration du Caire, 2022. Cette fois, le réalisateur aux origines égyptiennes, né à Stockholm, mobilise une production de la Suède, la France, le Danemark et la Norvège pour atteindre un budget de plus de neuf millions d’euros qui lui permet de positionner le film sur un marché international.
Le récit s’attache à l’évolution d’un acteur populaire. George Fahmy qu’on appelle le « pharaon des écrans », est un séducteur, un peu sur le retour, obnubilé par son métier et son image. Il vit avec Donya, une fille beaucoup plus jeune que lui, sans trop se soucier de son fils qui réside avec sa mère. Lorsque les autorités du pays lui proposent de jouer le rôle du président Abdel Fattah al-Sissi dans un biopic sur mesure, George pense que sa notoriété lui permet de refuser cette offre de propagande contraignante.
Mais la pression des dirigeants est forte. George est contraint de jouer sous la menace. Le docteur Mansour, chargé de l’encadrer et de le surveiller, ne relâche pas la garde. George s’exécute, plonge dans les hautes sphères et entreprend même une liaison avec la femme du Ministre des Armées. Pourtant, l’étau se resserre car les hommes du pouvoir ne sont pas prêts à ce qu’on les remette en question.
L’intrigue, d’abord traitée sur le ton d’une comédie grinçante, vire ensuite au film noir, en écho aux volets de la trilogie composée par Tarik Saleh. « Le second volet était un thriller d’espionnage« , explique le cinéaste. « Le premier et le troisième sont de purs films noirs, ce que je considère comme le plus difficile du cinéma de genre en général« . Tout en s’inspirant de l’esprit de Billy Wilder, le réalisateur rend hommage à l’industrie du cinéma en Egypte, reconstituant l’effervescence des plateaux sur lesquels évolue George, son héros.
