HARKA. Dépit et colère en Tunisie

LM Fiction de Lotfy Nathan, France / Luxembourg / Tunisie / Belgique, 2022
Sortie France : 2 novembre 2022

On sait ce que doit le mouvement de révolte qui a conduit à la révolution tunisienne de 2011, au geste désespéré et protestataire de Mohamed Bouazizi qui s’est immolé le 17 décembre 2020, à Sidi Bouzid. Cet acte radical qui depuis, a fait école, a profondément marqué Lotfy Nathan au point qu’il s’en est inspiré pour son premier long-métrage de fiction, Harka, en sélection au Festival de Cannes 2022 dans la section Un certain regard.
Le réalisateur, né en Angleterre d’une famille égyptienne et copte, a grandi aux Etats-Unis où il a étudié les Beaux-Arts et où il réside. Il s’est fait remarquer avec son documentaire 12 O’Clock Boys, en 2013. « Je me suis toujours senti en dehors à la fois de la culture arabe et occidentale », confie l’auteur de Harka. « En réalisant ce film, j’ai tenté d’identifier des points communs, et de m’appuyer sur la connaissance de la région qui est propre à mon histoire familiale. »

Planté à Sidi Bouzid, le jeune Ali est un solitaire qui aspire à une vie meilleure sans pouvoir y accéder. Il tire ses revenus de la contrebande d’essence qu’il récupère au marché noir. Lorsque le père meurt, la famille doit être expulsée de la maison. Ali se retrouve chargé de ses deux sœurs, plus jeunes que lui, et doit trouver les moyens de s’occuper d’elles. Les injustices qui entravent le quotidien de Ali, et ses nouvelles responsabilités lui pèsent. Sa colère monte et sa révolte sourde s’affirme.
« Le jeune héros de Harka est l’enfant d’une révolution porteuse de promesses qui lui sont hors d’atteinte », expose le réalisateur. « Mais au-delà du contexte politique, Harka est l’histoire d’une famille, inspirée de ma propre éducation. Subvenir aux besoins de sa famille, c’est une fierté universelle, et a contrario une honte, une impuissance, un sentiment de vide quand on y échoue. Tels sont les enjeux de Ali. » En mixant ces considérations personnelles, à la mort emblématique de Mohamed Bouazizi qui a agi comme un catalyseur en Tunisie, Lotfy Nathan investit la région de Sidi Bouzid pour mettre en scène un héros ordinaire qui cultive à la fois l’empathie et la rage.

 

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Author: Michel Amarger

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