Entretien de Michel Amarger avec Ismaël El Iraki, auteur de Burning Casablanca (Zanka Contact)

La sortie dans les salles françaises de Burning Casablanca de Ismaël El Iraki, le 3 novembre 2021, permet de se brancher sur la fougue et l’énergie agitées par les nouveaux cinéastes marocains. Ismaël El Iraki passe au long-métrage en célébrant le rock, les contrastes de Casablanca, les pulsions avec le lyrisme visuel développé dans ses précédents films courts.

Burning Casablanca est la romance improbable entre Larsen (Ahmed Hammou), ex-chanteur et musicien toxicomane en galère, et Rajae (Khansa Batna), prostituée offensive dans Casablanca. Ils se cognent, se cherchent, s’accrochent alors qu’un mac veille (Saïd Bey), qu’un flic ripoux rôde, que les coups tordus jaillissent.

Burning Casablanca s’embrase au son de la musique, des rêves, des hallucinations qui hantent Ismaël El Iraki, projetés en Cinémascope via une fiction tournée en pellicule, émaillée d’accessoires vintage ou new look. Une histoire pour enflammer les spectateurs avec un double titre : Burning Casablanca en France, et Zanka Contact dans le monde.

 

– Pourquoi le film sort-il en France avec un autre titre que le titre original ?

C’est une décision de distribution quand ça se passe comme ça. Ce n’est jamais la décision du réalisateur évidemment. En ce moment, c’est extrêmement difficile de sortir un film parce qu’il y a une censure par la masse. Il y en a beaucoup trop qui sortent. Dans les 20 à 25 films qui sortent par semaine, il ne subsiste que les trois ou quatre dont on parle. Donc c’était une demande de mon distributeur à laquelle j’ai mis un peu de temps à dire oui. Le titre dans le film quand vous rentrez dans la salle reste Zanka Contact parce que c’est tissé dans l’histoire. Mon distributeur est assez unique parce que ce sont presque des artistes qui le composent, ils ont vraiment à cœur le bien du film. Ce sont des gens en qui j’ai une totale confiance donc au bout d’un moment, je me suis décidé à leur laisser les mains libres pour qu’ils puissent travailler le film, pour que ça puisse marcher un peu… Le distributeur m’a demandé de trouver un titre qui soit plus parlant pour les spectateurs français, par exemple qui dise où ça se passe, et que ça donne un peu plus l’esprit du film. Donc un titre avec Casablanca, et j’ai choisi : Burning Casablanca.

– Le film garde-t-il son titre originel pour la sortie dans les pays du Maghreb ?

Oui partout ailleurs, il garde son titre original. Cela a posé un problème juste en France. Zanka Contact c’est un oxymore anglais arabe. Il est perçu comme tel dans tous les autres pays mais pas en France parce qu’on le lit en français. Donc les gens ne prennent pas du tout le titre de la même façon.

– Alors si on parle du film, on en parle avec son titre original, Zanka Contact ?

Oui.

 

A cœurs battants

 

– Qu’est-ce qui est au centre de l’histoire ?

Le cœur du film, c’est ce qu’on a appelé le stress post-traumatique que mes deux personnages partagent pour des raisons différentes. Il ne leur est pas arrivé la même chose mais ils ont vécu des événements très violents qui les ont marqué dans leur chair. C’est quelque chose qu’ils partagent et qu’ils reconnaissent l’un chez l’autre. Cela ase retrouve aussi chez les autres personnages. C’est un film qui parle de leur passé, de ce qui leur est arrivé, de qui est important pour eux, comment ils ont été brisés, comment ils se reconstruisent. Mon idée, c’est d’amener leur part humaine. C’est toujours ça qui touche que ce soit en Corée, en Tunisie ou au Maroc, en Italie. C’est de voir ces personnages blessés, fracassés mais toujours debout.

– En les faisant se rencontrer, ça leur permet de retrouver quelque chose de plus ?

Ils se réparent l’un l’autre. C’est ça l’histoire du film. Ce sont aussi des personnages qui sont très solitaires quand on les rencontre. Elle, c’est une louve. C’est quelqu’un qui a l’habitude d’avoir un masque et de ne laisser rentrer personne. Le personnage que joue Saïd Bey, c’est un type qui a un masque, celui du mac qui est très ambivalent. Dans la même séquence quand Saïd tend la main vers vous, on ne sait pas si c’est pour vous frapper ou vous caresser. C’est un masque qu’il développe évidemment parce que dans son métier, il doit être dur et doux à la fois. Il doit corrompre, subvertir, il doit faire peur aussi, parfois caresser dans le sens du poil et parfois frapper. C’est un manipulateur professionnel ce personnage. Or un des buts du film, c’est de révéler que ce type là, il a aussi son passé, une histoire d’amour qu’il n’a pas pu vivre. Quand on arrive à la résolution du film, c’est lui qui devient le moteur principal. Il y a un choix : est-ce que le film va bien finir ou pas ?

– Pourquoi ancrer d’abord le récit à Casablanca avant de le décentrer plus au sud du Maroc ?

Le Maroc a toujours été une terre de carrefour, de croisements. L’âme berbère, on la retrouve dans le film quand on est au sud du Maroc. Il y a une raison à ça qui est liée au cinéma. Quand j’étais gamin, j’allais souvent dans ma famille qui a une ferme dans le sud. Il y a des gens de ma famille qui vivent à Casa d’autres qui vivent là-bas. On s’y retrouve souvent et c’est l’endroit des réunions familiales. Donc enfant, j’y allais tout le temps. C’est une région berbère et c’est là-bas qu’il y avait un magnétoscope avec une cassette de Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone. La cassette de ce film qui dure trois heures, tournait en permanence. Moi, je regardais le film, ça me parlait d’une manière forte avec les gueules des gens, leur comportement, ce côté un peu taiseux, les paysages évidemment, cette terre rouge. Quand je sortais, je voyais exactement la même chose. Les gens parlaient pareil, avaient la même gueule, la terre était la même. Pour moi, il était évident que non seulement Sergi Leone était marocain mais qu’il était berbère. Donc c’est mon amour pour Leone qui ne s’est jamais démenti, mon amour pour un cinéaste berbère qui a inspiré ça. Souvent ce sont des films sur le trauma, les films de Sergi Leone. Ce n’est pas juste un duelliste qu’on voit, c’est quelqu’un qui est habité par exemple, par la mort de sa sœur ou autre chose. Dans le western, on en fait des films de vengeance mais il y a une figure très importante narrativement, qui est souvent celle du trauma.

 

Des flashs et du vécu

 

– On ne peut pas éviter la question de savoir si ce trauma n’a pas aussi été exacerbé par l’attentat contre le public du Bataclan par des membres de l’Etat islamique, le 13 novembre 2015, à Paris où vous étiez ?

Oui bien sûr. La difficulté avec le Bataclan, c’est que quand j’en parle, ça prend toute la place et ça efface un peu le reste. Zanka Contact n’est pas un film sur le Bataclan, mais par contre c’est un film qui s’est construit avec le Bataclan. C’est un projet que je portais pendant longtemps mais je n’avais ce qui est le noyau du film. En fait ce sont deux traumatisés et la question du film, c’est comment on devient un survivant. Ce type est une victime quand elle le rencontre. Elle, c’est une survivante et elle reconnaît ça chez lui. Elle va lui apprendre à devenir un survivant. C’est le cœur du film, là où le cœur du film bat. Ca, c’est le Bataclan qui me l’a apporté. Après le Bataclan j’avais le syndrome du survivant mais j’avais aussi quelque chose de très physique. J’avais des hallucinations. Le Bataclan était inscrit dans mon corps. Pour des raisons diverses, une voiture qui passe, une pétarade, un feu d’artifice, j’ai l’impression de sentir l’odeur du Bataclan, un mélange de poudre et de sang. D’un coup, j’ai le cœur qui se met à battre à 200 à l’heure. C’est l’effet du stress post traumatique qui est une maladie. C’est une espèce de maladie infectieuse qui vous est collé par la violence et ça devient hallucinatoire. Dans mon cas, ça peut être que tout d’un coup, le soleil s’éteint et je me retrouve dans le Bataclan avec des stroboscopes. Cette figure là, mes visions, mes cauchemars sont dans le film. Pendant longtemps, le Bataclan était dans le film et c’était ce qui était arrivé au personnage principal. Il y avait eu une fusillade pendant l’un de ses concerts. Le problème c’est que chez les lecteurs du scénario, ça effaçait le vrai but du film qui est de faire un film sur la résilience, sur ce temps de la résilience.  

– Comment avez-vous pu prendre de la distance pour créer le film ?

Je me suis confronté à ces reviviscences pour en faire des souvenirs. Je me suis rendu compte que les gens qui faisaient ça, sont souvent des gens qui ont vécu un trauma très violent. Il y a beaucoup de victimes de viol. J’ai découvert qu’on reconnaissait ces symptômes les uns chez les autres, qu’on pouvait en parler, parce que c’est très compliqué de dire à quelqu’un : je vois des morts dans la rue. Partager ça avec quelqu’un qui sait ce que c’est, ça a été formidable. Dire que ça se passe dans votre corps, que c’est physique, c’est génial de pouvoir parler de ça. Libérer cette parole ça soigne aussi beaucoup. C’est ça qui s’est retrouvé dans mon film. Non seulement il y a mes hallucinations, mes cauchemars, mes visions, mais il y a aussi ces deux âmes blessées qui se reconnaissent l’une l’autre. C’est la lumière au bout du tunnel. C’est la belle chose qui est née du Bataclan et ça, c’est dans le film.

– C’est pour ça que vous mettez des flashs, des visions parfois ?

Complètement. C’est une des choses qui a été particulière dans mon travail avec mon chef opérateur, Benjamin Rufi. C’est un ami très proche et il a fait tous mes films, toujours en pellicule.

– Cela asignale que vous avez le goût d’une équipe de fidèles ?

L’image qui me vient toujours quand je pense à la Zanka Team, comme on s’appelle entre nous,  c’est l’image de la tribu. On est une tribu parce qu’on a des valeurs en commun, des choses qui nous réunissent. Et ce sont des gens à qui j’ai pu confier des choses qui sont extrêmement précieuses pour moi, et dont je me suis rendu compte en les leur confiant, qu’elles étaient précieuses pour eux aussi. Par exemple, l’idée des flashs, il fallait savoir comment on fait pour les transcrire dans un langage cinématographique. Je ne suis pas du tout quelqu’un du cinéma du réel. J’aime utiliser absolument tous les artifices du cinéma parce que pour moi, c’est quand on invente, quand on imagine totalement, c’est là qu’on est vrai. Parce que là, je vous fais rentrer dans ma tête. Je vous donne à voir quelque chose qui est de la pensée pure et pour moi, le cinéma c’est ça. C’est de la pensée et de la sensation. Donc comment on fait pour retranscrire avec des moyens de mise en scène, de cinéma, ce que je vois moi, quand j’ai une accélération d’adrénaline et que j’ai le soleil qui s’éteint. Je suis dehors et je me retrouve ailleurs et puis j’ai des flashs. Comment inclure ça narrativement et que ce ne soit pas juste quelque chose qui m’appartient et que je mets dans un film mais que ça devienne quelque chose qui vient du personnage. Avec les moyens du cinéma, de la lumière, on a cherché, on a expérimenté, on a tenté des choses et surtout on a fabriqué. C’est un film entièrement en analogique, tourné en pellicule. Tous les effets sont faits dans la caméra. Il n’y a pas d’images de synthèse dans Zanka Contact. Toute la musique est en live, elle se fait devant la caméra. Il fallait fabriquer ces choses, qu’elles soient dans les mains des comédiens, de l’équipe.

 

Un film rock

 

– Ce goût des atmosphères, des effets lumineux, des personnages typés, ça vient de votre travail sur des clips, des captations musicales ?

J’ai travaillé sur des captations en live pour une société. J’ai arrêté après le Bataclan. J’ai plutôt fait des choses faites pour être consommées tout de suite, qui faisaient souvent partie des spectacles. C’est à dire filmer et puis c’est diffusé pendant qu’on joue. Je suis un mauvais musicien mais je crois avoir un sens de la musique, du rythme dans le sang, dans le pouls. Cela am’a beaucoup permis de me confronter à ça, comment faire d’une caméra un outil musical, un instrument de musique littéralement.

– Comment avez-vous travaillé avec le musicien du film ? Vous lui donniez des directions sur les chansons préexistantes que vous alliez mettre, des ambiances que vous cherchiez dans les chansons qu’il a créées ?

Le compositeur du film, Alexandre Tartière, est un ami de lycée. Même si on ne le dirait pas avec son nom, c’est une des personnes les plus marocaines que je connaisse. C’est quelqu’un que j’admire depuis que j’ai 15 ans. Il a été impliqué dans l’écriture de Zanka Contact depuis le tout début. J’ai passé beaucoup de temps à décrire la musique dans le scénario mais le travail qu’on a fait ensemble était autre. Il était beaucoup plus précis. Je lui envoyais les paroles, on parlait beaucoup de références. Ce qui est formidable. Il y a des choses très techniques, par exemple à tel moment dans le refrain, il faut que ce soit très scandé. Dans la chanson qui s’appelle Full Contact Love, il faut que ce soit scandé parce que l’un des personnages va donner des coups de pieds. Il faut qu’il y ait une note haute parce qu’il y a un des personnages qui va essayer de chanter et qui se casse la voix dessus. C’étaient des choses très précises, essentielles à l’histoire du film. On a tout enregistré avant le tournage. Deux mois avant, les comédiens pouvaient l’écouter, on pouvait balancer la musique à fond sur le plateau. C’était très inspiré par la relation Sergio Leone / Ennio Morricone qui enregistraient tout avant. C’est un outil de mise en scène génial. Le coeur de tout le monde bat au même rythme quand on fait ça. Il n’y a rien de mieux comme cohésion dans une équipe. Donc Alexandre Tartière s’est investi dans le film et a tout mélangé pour faire quelque chose qui soit à 100% du Alexandre Tartière. Je n’aurais jamais pu rêver un truc comme ça. Je suis très fier de la musique de Zanka Contact.

– Vous en ferez une bande originale de film ?

Bien sûr. Mais un des effets inattendus du Covid nous a frappé de plein fouet. On ne pourra pas avoir de disques Vinyles parce les usines ont été arrêtées pendant tellement longtemps qu’on a des retards de livraison. Et la matière première est devenue très chère. Donc un des effets du Covid est de nous priver de Vinyles. Mais il y a une bande son sur les plateformes qui correspond à la façon dont on consomme la musique aujourd’hui. Tous dans l’équipe, et le distributeur, on est amoureux des Vinyles. La collection de disques de Saïd qu’on voit dans le film, c’est la mienne. La première page de mon scénario était une playlist. Et il y a beaucoup de chansons marocaines des années 70 dans le film mais pas que.

– Et il y a même Oum Kalthoum…

Oui et la voix qui chante Oum Kalthoum dans le film, c’est la voix de ma mère. Un de mes bonheurs, c’était de placer sa voix dans le film. Donc il y a la voix de ma mère, la maison de ma grand-mère, ma bague à tête de mort, il y a tous mes Vinyles, mes fringues. C’est un film qui est extrêmement personnel.  

– Qui vous aidé à produire ce film si personnel ?

Ce sont deux sociétés de production, en France et au Maroc, qui appartiennent à Saïd Hamich Benlarbi : Barney Production en France et l’autre au Maroc. Et c’est une coproduction, on s’est associé avec une société de Belgique, Velvet Films.

 

Se libérer en avançant

 

– Comment avez-vous travaillé avec la pellicule pour Zanka Contact ?

Faire un film en 35mm, en scope anamorphique avec le budget qu’on avait, ça veut dire que vous êtes obligé de tourner en quatre perforations. Vous ne pouvez pas tourner dans tous les formats qui vous permettent d’économiser. Alors on a fait ce film exactement comme un groupe de rock en tournée. On répète, on répète et après on y va. On tourne. On fait une prise, parfois deux. Point. Au montage, on s’est retrouvé avec des problèmes de monteurs des années 40. Le contraire des monteurs d’aujourd’hui avec la profusion des rushes qui pose souvent problème. Là, on a du inventer des plans, évoquer des choses dans les collures.

– Comment situez-vous ce film dans la production marocaine d’aujourd’hui ?

Il y a des cinéastes qui m’ont précédé, il y en a qui ont fait des films après mais qui m’ont inspiré aussi. Il y a les grands frères dont le premier est Faouzi Bensaïdi. C’est quelqu’un qui a fait décoller mon ambition de ce que ça peut être un film marocain. En regardant Mille mois qu’il a réalisé en 2003, j’ai cessé de me dire : c’est bien pour un film marocain. C’était juste extrêmement bien. Il a mis le cinéma marocain à un niveau international. Je me sens faire partie d’une vague où il y a Sofia Alaoui qui tourne son premier long-métrage au Maroc, Yasmine Benkiran. Elles m’inspirent car elles ont une très grande liberté sur le genre, et c’est exactement ce que je travaille… Peu importe si le film est marocain ou pas. Il le sera de toutes façons parce qu’il est fait par nous. On n’a pas besoin de traiter des sujets qui soient marocains. On n’est pas là pour faire un sujet pour l’extérieur… C’est génial de retrouver ça dans cette génération. Ce sont des cinéastes capables de le faire même quand ils s’attaquent à des sujets lourds comme Meryem Benm’Barek avec Sofia, en 2018. Je situe Zanka Contact dans une espèce de mouvance, de liberté. On sent qu’on se libère avec tous ces films qui font partie de l’âme marocaine, qu’on regardait au vidéoclub. C’était beaucoup de cinéma hollywoodien mais pas que, il y avait beaucoup de séries B, de films d’horreur, de science-fiction, qui nous ont énormément libérés. Ils composent notre imaginaire. La façon dont on parle à Casablanca, cet argot, la présence de la violence et tout ça, pour moi, c’est du Quentin Tarentino. Lui, c’est un Casaoui. Pour moi, il n’y a pas de limites, pas de barrières entre ce qui est marocain et ce qui est ce cinéma de genre, d’imagination.

– La critique, le public au Maroc, et ailleurs, vous suivent-il dans ce sens ?

Le film sort au Maroc un mois après la France et il a eu le visa en septembre. Il a passé la censure, ce qui est un marqueur génial pour moi. Mon film précédent avait été interdit, le film précédent de mon producteur, Muched Loved de Nabyl Ayouch, a été interdit aussi. Là, on arrive avec un film qui est assez rentre-dedans et il passe. Les spectateurs marocains peuvent le voir dans une version quasiment identique à celle qui sort en Europe. Je suis très heureux de ça. Il y a cette scène de concert avec le groupe Kadavar et les figurants sont de vrais métalleux. Ils sont venus de Casablanca mais aussi de tout le Maroc parce qu’il y avait Kadavar. Il y a beaucoup de filles parmi ce public. Ils ont 17 ou 18 ans, ils sont à fond dedans avec leurs tee-shirts. Moi, je n’ai jamais cessé d’être ce gars qui allait aux concerts de Heavy métal du boulevard. Le film, je l’ai fait pour eux. Je suis très heureux qu’ils le découvrent dans sa vraie version.

– Qu’est-ce que cela apporte de plus à votre film ?

Quand je le projette, on me dit que c’est un ovni. Donc je pense que ce qu’il apporte, c’est ça. On peut aimer ou pas Zanka Contact. C’est un film particulier. Les gens qui l’aiment, l’aiment d’une façon particulière. Ils se l’approprient beaucoup. C’est intéressant pour moi. Cela ame touche énormément. Ce qui est sûr, c’est que vous pouvez l’aimer ou pas, vous n’aurez pas vu un film comme ça avant.

– Allez-vous continuer à faire des films dans ce genre, qui mobilisent tant d’énergie et de vécu personnel ?

Le premier film, c’est comme le premier amour. Il y a quelque chose qui restera toujours particulier. Moi, j’ai cette tendance à faire comme ça : par exemple, le fait d’écrire pour des comédiens. J’ai deux films en écriture, un en toute fin et un qui en est plutôt au début. A chaque fois, les rôles sont écrits pour les acteurs. C’est quelque chose que je garderai, c’est quelque chose que j’aime faire. Cela me libère énormément parce que ça me ramène toujours à la personne derrière le personnage. Un personnage, c’est un peu la rencontre entre une personne et une idée. Et là, la personne prend toujours beaucoup de place. Cela me touche et ça libère aussi les personnages qui sont plus libres dans le film. Ils peuvent me permettre de prendre un peu des virages narratifs. Ce qui est un peu une des caractéristiques de Zanka Contact. Donc vais-je continuer avec une histoire d’amour rock’n’roll western ? Non. Mais dans les deux films suivants, il y a du western, mais ce sera mélangé à d’autres choses. Il y a de la musique, mais pas autant, pas de la même façon. Ce qu’il y a de commun dans tous, c’est que c’est centré autour de personnages principaux féminins très forts et qui prennent en charge le récit. Dans Zanka Contact, il y a la voix de ma mère. Le film lui est dédié parce que cette image de puissance féminine, c’est quelque chose avec laquelle j’ai grandi grâce à elle. J’ai des personnages à qui il arrive des trucs terribles mais ce ne sont pas de victimes, ce sont des survivantes.

Author: Michel Amarger

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