LM Fiction de Chakib Taleb-Bendiab, Algérie, Tunisie, France, 2024
Sortie France : 8 octobre 2025
Les cinéastes algériens semblent décidés à rallumer les braises d’une production nationale en déshérence pendant plusieurs années. Des auteurs comme Karim Moussaoui, Hassen Ferhani, Sofia Djama, Amin Sidi-Boumèdiène, Dania Reymond-Boughenou, s’activent malgré les difficultés de financement et la défiance de l’Etat pour le 7ème art. A son tour, Chakib Taleb-Bendiab participe à ce mouvement avec son premier long-métrage, Alger, sélectionné dans de prestigieux festivals à Valence, Tunis, Fribourg ou Rhode Island où il a été primé [le film est aussi connu sous le nom de 196 Mètres, ou 196 متر – ndlr]. Sa sortie en salles en Algérie, a trouvé son public pendant plusieurs semaines, comme au Canada où le film a été bien distribué.
Une bonne raison pour le désigner comme représentant l’Algérie aux Oscars 2025 dans la sélection du meilleur long-métrage international. C’est un beau tremplin pour Chakib Taleb-Bendiab, artiste franco-algérien qui a vécu à Alger une grande partie de la décennie noire avant de s’installer en France, à ses 17 ans. Il a débuté sa carrière en réalisant deux films courts, Sang Froid, 2013, un polar, et Black Spirit, 2018, sur une légende de samouraï africain au Sahara, tout en travaillant comme scénariste notamment pour la série Go Dark, 2019. Avec Alger (Algiers), dont il signe aussi la musique, il ose un thriller policier axé dans la capitale, qui réunit une production d’Algérie, de Tunisie et de France.
L’action se déroule sur une période de 48 heures, en suivant une enquête policière. Une jeune orpheline a été kidnappée à Alger. L’inspecteur Sami Sadoudi, chargé du dossier, s’entête pour mener son travail jusqu’au bout avec ses collaborateurs dont le jeune inspecteur Mellal et son aîné plus expert, Khaled. Une psychiatre, Dounia Assam, se joint à l’équipe et bouscule le travail d’investigation en suivant une piste qui la conduit à exhumer des secrets cachés pendant la décennie noire. Une époque où la police, occupée par la lutte contre les terroristes, négligeait les enquêtes de faits divers.
Les enquêteurs et les suspects évoluent dans les rues du centre-ville d’Alger, en passant par la Casbah et les grands boulevards. Le récit est inspiré par des faits réels qui se sont produits dans la capitale algérienne. Il évoque l’enlèvement d’enfants mais aussi la pédophilie qui sont des sujets tabous dans le pays. « La disparition des enfants est un fléau qui touche particulièrement l’Algérie depuis quelques années« , explique Chakib Taleb-Bendiab. « Mais le film est aussi une métaphore de l’Algérie d’aujourd’hui rappelant la décennie noire et l’innocence kidnappée. »
Alger s’affirme ainsi comme un thriller signifiant (lire la suite sur africine.org)