Africa Mia : fusions rythmiques du Mali à Cuba

LM documentaire de Richard Minier et Edouard Salier, France, 2019
Sortie France : 16 septembre 2020

Le brassage musical entre l’Afrique et l’Amérique colore avec jubilation, teintée d’une note méditative, une production française indépendante. L’initiative revient à Richard Minier, auteur de documentaires et de séries dont Capitales inconnues, passionné de musiques du monde qu’il traite dans Mythiques Studios et Africa with Attitude. Compositeur et producteur d’albums, le Français a travaillé en Jamaïque, s’est activé à Buenos Aires, se connectant à l’Afrique en 1999, au Mali via Bamako dont il surprend les contours.
« Une rencontre improbable au bar de l’hôtel dans lequel je séjourne me fait découvrir une histoire incroyable, une épopée humaine et musicale sans précédent », se rappelle Richard Minier. « L’épopée d’un groupe de musiciens qui va m’obséder pendant plus de 15 ans et me faire rencontrer des gens incroyables. » Ce sont les survivants du groupe Las Maravillas de Mali qui vont conduire le réalisateur de Bamako à La Havane pour tisser les fils d’époques, de musiques…

Africa mia plonge dans les années 60 lorsque le Mali, jeune Etat indépendant, engage une politique socialiste sous la houlette de Modibo Keïta, qui le rapproche des pays communistes frères comme Cuba. En 1964, dans le cadre des échanges entre les gouvernements, dix jeunes musiciens maliens sont invités par l’Etat cubain pour suivre une formation musicale à La Havane. C’est la période de la Guerre froide mais aussi l’effervescence car le pouvoir de Fidel Castro s’affermit et noue des relations avec des pays d’Afrique socialistes comme le Mali.
Las Maravaillas de Mali vont tourner 7 ans et chanter en espagnol, bambara, français, brassant les rythmes cubains et maliens. Leur titre de gloire, Rendez-vous chez Fatimata, les popularise à Cuba et dans toute l’Afrique, en défrichant les voies de la « World Music ». Mais l’aventure change d’allure en 1968, lorsque le coup d’Etat des militaires au Mali, donne une autre tournure à la politique de Moussa Traoré. Le groupe, revenu à Bamako, est dans le collimateur du pouvoir qui lamine la culture. Les musiciens stagnent, leurs voix s’éteignent. Leur chef d’orchestre, Boncana Maïga s’exile en Côte d’Ivoire pour exercer son art.

Richard Minier, découvrant cette histoire, cherche alors à retrouver les survivants de Las Maravillas de Mali, espérant « réhabiliter ce groupe pour que ces musiciens puissent être connus, reconnus ». Il rencontre cinq d’entre eux autour de Bamako. « Les premières années, j’ai filmé seul, excepté en 2000 où j’étais accompagné d’Emmanuel Cyriaque« , explique Richard Minier. « C’est devenu une quête personnelle. » L’idée germe de créer un projet « transmedia » autour de l’aventure de Las Maravillas de Mali. Ce sera un film, Africa mia, un projet discographique pour rééditer l’album original et de nouveaux enregistrements avec des invités de prestige, une tournée et une expo photo. (*)
En 2015, la signature du label Universal Music pour le volet musical relance le projet. Puis en 2016, de nouveaux partenaires, Off Productions et SRAB Films, donnent une nouvelle impulsion au film. Edouard Salier – réalisateur familier de La Havane, qui présente à Minier le chanteur d’un groupe rap cubain, Roldan Gonzalez – vient le relayer à la réalisation. Déjà auteur d’un long-métrage, Cabeza Madre, de courts remarqués, ce collaborateur de séries pour Netflix telles Mortel ou Revolution, apporte une nouvelle dynamique esthétique.

 

Lire la suite sur le site africine.org

Author: Michel Amarger

Share This Post On

Submit a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.