Les cinéastes algériens s’aventurent volontiers vers le sud pour y camper leurs histoires. Amin Sidi-Boumédiène y traque le fantôme d’un terroriste pour Abou Leila, 2019, après Merzak Allouache et le héros perturbé d’un village sahélien de Vent divin, 2018, précédés par Karim Moussaoui qui suit l’incartade esquissée d’anciens fiancés au désert, dans la deuxième partie de En attendant les hirondelles, 2017.
Animateur, à ses débuts, de la structure Chrysalide à Alger, pour promouvoir le jeune cinéma algérien, Hassen Ferhani a été le compagnon de route de Karim Moussaoui.
Ici, il s’engage à son tour vers le sud pour un nouveau documentaire. Après avoir ausculté les anciens abattoirs d’Alger avec Dans ma tête un rond-point qui l’a fait connaître en 2015, le réalisateur reprend sa caméra et signe 143 rue du désert, déjà primé à Locarno, Séoul ou Tunis en 2019.
Hassen Ferhani prend la Nationale 1 et fait halte au croisement de la route de Timimoun qui contourne le plateau du Tadmaït vers le nord, et la route de Ain Salah, au sud, vers le Hoggar. C’est là que dans une cabane qui semble isolée, se tient une sorte de café, bordé par une terrasse de 4m2, où officie Malika. C’est une femme d’un certain âge, plantureuse, un rien désabusée. Elle vend aux clients qui passent, des cigarettes, un thé, du thon en boîte ou une omelette qui est son plat unique.
Dans son café de 20m2, Malika accueille un imam en voyage, une routarde qui explore le désert en moto, un groupe de musiciens de retour d’un festival, des camionneurs familiers de la route et même l’écrivain Chawki Amari qui l’a présentée à Hassen Ferhani. Malika offre à ses visiteurs un relai d’humanité en plein désert. Elle écoute mais reste peu diserte sur son passé et les circonstances qui l’ont conduite là. Sous le regard attentif du réalisateur, des rencontres choisies du quotidien, on perçoit des douleurs passées, le besoin de s’éloigner de la ville, le désir de Malika de se retrancher sans cesser de communiquer.