Six pieds sur terre : véhiculer les racines algériennes

LM Fiction de Karim Bensalah, France / Algérie, 2023
Sortie France : 19 juin 2024
Distribution France : Jour2fête

Quand on vient du monde arabe, on le porte en soi, même si on s’en éloigne pour s ‘établir dans d’autres cultures. C’est le cas de Karim Bensalah, né à Alger de père algérien, diplomate, et de mère brésilienne. Il grandit en Haïti, au Sénégal avant d’atterrir à Paris à 18 ans. Il se perfectionne au cinéma à la London Film School puis signe trois courts remarqués, en France. Aguerri par des formations à l’image qu’il prodigue dans les quartiers de banlieues parisiennes, il devient consultant, éducateur audiovisuel, entre France et Brésil, et réalise son premier long-métrage, Six pieds sur terre, 2023, produit et situé en France.
Karim Bensalah s’inspire de son histoire familiale pour défendre ses racines en précisant : « Mon arabité s’est réveillée en France. Avant d’y vivre, j’étais, ou plus exactement je me sentais  » comme tout le monde« . Arrivé en France, tout à coup on me confronte à mon identité arabe, on ne me laisse plus choisir qui je suis, et on me demande si je me sens plus algérien ou brésilien.  » Une impression qui fonde le scénario de Six pieds sur terre, écrit avec Jamal Belmahi.

Le héros, Sofiane, aime les fêtes, l’alcool, la poudre qui étourdit et libère. Son père, diplomate, l’héberge à Lyon avec ses deux sœurs, en l’absence de la mère morte. Sofiane cherche sa place en France. Un arrêté d’expulsion lui donne 30 jours pour la trouver. Le jeune homme qui a séché ses examens de fac, doit trouver un contrat de travail. Un ami de son père l’embauche dans une société de pompes funèbres musulmanes.
C’est un monde inconnu pour Sofiane qui fait équipe avec El Hadj pour laver les corps, les habiller, les enterrer selon les rites musulmans. Ce dernier est un vieux taiseux, aux gestes doux et respectueux envers les morts, impressionnant Sofiane. Mais le garçon papillonne, tombe amoureux, suit un stage de théâtre. El Hadj ne veut plus travailler avec lui et son collègue le récupère. Sofiane cultive les soins aux morts, laissant monter sa part d’arabité, son attention aux autres, à sa famille.

Le parcours prend des allures de chronique initiatique. « Une nécessité pour Sofiane qui se sent étranger partout. C’est une sensation très particulière et très actuelle pour une certaine génération qui ne trouve sa place nulle part, qui ne se sent légitime en rien« , estime Karim Bensalah, inspiré par son vécu pour suivre le héros de Lyon à Nice. Il avoue : « J’ai construit le personnage et son parcours autour de ces questions : Comment créer sa place ? Comment l’inventer alors qu’on est vu comme « l’étranger » ? » Et peu à peu, Sofiane se rapproche de la croyance de ses parents, fasciné par les rites qui entourent la mort.

 

lire la suite sur le site africine.org

Author: Michel Amarger

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