C’est un sujet sensible, encore peu traité dans les fictions. La radicalisation qui a poussé des jeunes d’origine maghrébine, nés dans les banlieues européennes, à partir en Syrie puis à s’engager au sein des troupes de l’Etat islamique, a pris racine vers 2012. En retour, l’Europe a connu les attaques terroristes de 2015, 2016. Un des épicentres du mouvement est peut-être la commune de Molenbeek, en Belgique, où Adil El Arbi et Bilall Fallah situent Rebel, présenté en séance spéciale au Festival de Cannes 2022.
Les réalisateurs belges, aux origines marocaines, sont réputés pour leur style offensif, propulsé par Black, 2015, Gangsta, 2018, mais aussi pour leurs pilotes des séries Snowfall, 2017, ou Soil, 2021. Avant de s’affairer sur la réalisation de Batgirl, coproduit par la Warner, ils affirment leur sens du spectacle, voire du spectaculaire, avec Rebel, évocation ambitieuse de la radicalisation.
Kamal, rappeur et dealer croyant, coincé à Molenbeek, se reconvertit dans l’humanitaire et gagne la Syrie pour secourir les victimes du régime de Bachar el-Assad. Récupéré par un mouvement qui fait allégeance à l’Etat islamique, il se retrouve au front et filme des vidéos de propagande, avant d’être filmé en participant aux exécutions.
L’image fait choc dans Molenbeek où elle tourne sur les réseaux, frappant ses proches. Nassim, son petit frère qui l’admire, déconcerté, est approché par un recruteur qui fait briller l’aura de Kamal en héros religieux. Et Nassim veut partir le rejoindre. Leila, la mère, essaie de le retenir puis s’engage pour le retrouver. Le périple est semé d’embûches et les rencontres font choc. Chacun perd ses marques dans la violence du fanatisme.