Les ondes destructrices de la « décennie noire » marquent la nouvelle génération de cinéastes en Algérie. Salem Brahimi regarde monter la violence dans Maintenant, ils peuvent venir, 2014, tandis que Djamel Kerkar en documente les conséquences avec Atlal, 2016, ou que Sofia Djama en mesure les échos par Les Bienheureux, 2017. Aujourd’hui, Mounia Meddour revient sur cette époque qu’elle a vécue, avec Papicha, présenté à Un Certain Regard, au Festival de Cannes 2009.
Ses études de journalisme à la faculté d’Alger sont interrompues à 17 ans, par le départ de ses parents pour la France, d’autant que son père, cinéaste fameux et engagé, est dans le collimateur des intégristes. Elle reprend la fac à Paris puis bénéficie d’un stage d’été à la Fémis, et signe quelques sujets tel Cinéma algérien, un nouveau souffle, 2011, une courte fiction, Edwige, 2012, avant d’entreprendre Papicha, 2019
L’histoire se situe à Alger, dans les années 90. Nedjma loge à la cité universitaire, en rêvant d’être styliste. Le soir, elle fait le mur avec sa copine Wassila, pour gagner la boite de nuit où elle vend ses robes aux « papichas », les jolies filles aisées de la ville. Tandis que le climat social se détériore, les murs de la fac se couvrent d’affiches agressives, des femmes voilées s’immiscent dans les couloirs pour donner des leçons.
Linda, la sœur de Nedjma, est un des victimes de l’intolérance qui s’accentue. Mais elle décide de résister avec ses armes d’artiste, en organisant un défilé de mode à partir de haïks éclatants [NOTE 1], comme un défi à l’obscurantisme. « J’avais envie de raconter l’histoire de cette jeune femme qui, à travers sa résistance nous embarque dans un grand voyage semé d’embûches nous faisant découvrir plusieurs facettes de la société algérienne, avec sa débrouille, son entraide, l’amitié, l’amour, et aussi les galères », déclare Mounia Meddour.