LM Fiction de Philippe Faucon, France / Belgique, 2022
Sortie France : 12 octobre 2022
Les fictions françaises sur la Guerre d’Algérie sont encore rares même si René Vautier (Avoir vingt ans dans les Aurès, 1972) et Yves Boisset (R.A.S., 1973) ont ouvert la voie. Les cinéastes abordent le sujet du point de vue des soldats de leur pays alors que les Algériens constituent une histoire nationale avec des récits volontiers épiques. Reste la délicate question des harkis, ces recrues algériennes enrôlées sous la bannière de la France pendant la guerre, de 1954 à 1962, lâchées par les autorités françaises après l’indépendance, traquées pour traîtrise par le Front de Libération Nationale.
Philippe Faucon s’empare du sujet pour Les Harkis, dévoilé à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2022. « Nous avons hérité de quelque chose qui s’est transmis sans toujours avoir été exprimé », justifie le réalisateur, né à Oujda, au Maroc, grandi en Algérie. Il trace son sillon dans le cinéma français depuis 1987, avec des histoires sensibles, ancrées dans le social, abordant déjà la Guerre d’Algérie dans La Trahison, 2005, parmi ses films dérangeants, ouverts aux débats.
Le récit embrasse les trois dernières années du conflit en Algérie. En 1959, les protagonistes du film intègrent une harka, unité de l’armée française constituée d’Algériens, tandis que De Gaulle esquisse la notion d’autodétermination. Un an plus tard, alors que les pourparlers se tissent avec le FLN, le lieutenant Pascal est chargé de distraire ses troupes de harkis inquiets, en les envoyant en manœuvre dans la campagne. En 1962, après le cessez-le feu, les harkis sont désarmés et le lieutenant cherche à les exfiltrer pour les soustraire aux représailles du FLN.
Ces étapes, constituant les trois parties du film, s’articulent autour du destin de quatre hommes. Salah et Kaddour s’enrôlent par nécessité de survie. L’un pourra se rapprocher des vainqueurs algériens, l’autre d’une capture fatale. Il y a aussi Krimou, un fellagha devenu harki sous la contrainte. Leur sort est scellé par le lieutenant Pascal, jeune français clairvoyant qui tente de ménager la condition de ses troupes.