Loin des images de migrations, de migrants africains, le Suisse Olivier Zuchuat s’intéresse à ceux qui restent, et font vivre les campagnes de l’Afrique. Après des études de physique, de lettres, il aborde le théâtre avant de se consacrer au cinéma dans les années 2000, avec une prédilection pour le montage et les mondes lointains.
Le Genevois filme des réfugiés soudanais dans un camp du Darfour, en 2006, recueillant paroles et émotions pour Au loin des villages. Il s’agit de faire « un film de guerre mais sans aucune image de guerre ». Dix ans après, il revient au Sahel saisir la bataille contre la désertification avec Le périmètre de Kamsé, 2021, coproduit avec la France et le Burkina.
Kamsé est un petit village, au Centre-Nord du Burkina Faso, dont les terres sont devenues désertiques. Les hommes sont partis trouver du travail à Ouagadougou ou en Côte d’Ivoire. Les anciens décident de transformer l’exploitation agricole en mobilisant les femmes qui sont majoritaires sur place. Ils partent rencontrer les habitants de Goèma, un village distant de dix kilomètres, où une ferme expérimentale utilise des techniques de revitalisation des zones devenues arides.
L’expédition en moto, ou en vélo, est accueillie avec bienveillance et pédagogie. Un instructeur se rend ensuite à Kamsé pour conseiller les villageois. Une fois les terres redistribuées, les femmes prennent le relai. Elles érigent des digues, font un barrage qui permet à des mares creusées de retenir l’eau de pluie pour irriguer les terres. Des plantations d’arbres sont capables de favoriser l’installation de champs cultivables.
Olivier Zuchuat retrace une démarche exemplaire pour lutter contre la désertification galopante. Son regard embrasse les vastes terres desséchées de Kamsé avec une attention particulière pour les villageoises qui les revitalisent. « Les personnages majeurs sont à mon sens le paysage et le collectif des femmes », estime le réalisateur sans négliger de suivre avec soin, les assemblées des hommes qui décident et palabrent pour trouver de nouvelles ressources. « Il n’existe pas de cadastre, donc il faut commencer à discuter, et se mettre d’accord ».
Cette attention pour l’humain et le rythme lent des échanges, du travail, s’exprime par des plans fixes patiemment cadrés. « Je ne voulais pas filmer les corps au travail de trop près, je voulais être à la bonne distance, celle qui traduit une attention respectueuse de ces femmes qui mènent un travail extrêmement dur », indique Zuchuat. « Surtout éviter les gros plans qui auraient montré l’effort à bout portant. »
Lire la suite sur le site africine.org
LM Fiction de Olivier Zuchuat, France / Suisse / Burkina Faso, 2021
Sortie France : 27 octobre 2021