Le Mandat (Mandabi), d’Ousmane Sembène : le prix de l’émancipation sénégalaise

Alors que la production des images africaines s’amplifie, dopée par les nouvelles technologies et la diversité des supports, il semble utile pour aller plus loin, de mieux évaluer l’apport des pionniers. Le plus en vue est sans doute Ousmane Sembène, connu pour avoir ouvert la voie du cinéma sénégalais, et au-delà, valoriser la percée du 7ème art de l’Afrique de l’Ouest après les indépendances.
Inaugurée avec Borom Sarret, 1963, puis La Noire de… en sélection à la Semaine de la critique 1966, lauréat du Prix Jean Vigo et d’un Tanit d’or aux JCC, la carrière de Ousmane Sembène continue son essor avec Le Mandat, découvert à la Biennale de Venise en 1968. C’est cette œuvre caustique et militante, à l’image de son auteur, qu’une restauration opportune en 4K, pare d’un nouvel éclat sur les écrans d’aujourd’hui.

 

Le film est l’adaptation d’une nouvelle de Sembène, publiée en France, en 1966. Le récit s’attache aux péripéties de Ibrahima Dieng, un brave musulman désargenté qui exerce son autorité sur ses deux épouses. Sa vie se complique lorsqu’il reçoit un mandant de 25 000 francs CFA (environ 38 euros, NDLR), envoyé de Paris par son neveu émigré. La somme doit être remise à sa sœur et Ibrahima peut garder 2 000 francs. Aussitôt que la nouvelle portée par le facteur arrive, les épouses achètent à crédit et la convoitise s’étend dans le voisinage. Mais Ibrahima a du mal à encaisser le mandat.
La Poste exige une pièce d’identité qu’il n’a pas et le renvoie à la mairie où sa date de naissance imprécise ne lui permet pas de l’obtenir. Piloté par des proches intéressés par une commission, il se fait gruger par un pseudo photographe, sans avoir les photos indispensables aux papiers. Baladé d’un côté à l’autre de Dakar, Ibrahima est coaché par son neveu, peu scrupuleux, pour faire une procuration et toucher le mandat. Mais les embûches persistent et les dettes s’accumulent. Ibrahima perd pied, devenant la risée de son entourage.

 

lire la suite sur le site africine.org

Author: Michel Amarger

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