LM Fiction de Mohamed Kordofani, Soudan / Egypte / Allemagne / France / Suisse / Arabie Saoudite, 2023
Sortie France : 8 novembre 2023
Le cinéma du Soudan se hisse pour la première fois, en sélection officielle au Festival de Cannes 2023, dans la section Un certain regard, grâce au film de Mohamed Kordofani, Goodbye Julia, promis à une diffusion internationale. Cette visibilité est cautionnée par une autre réalisateur soudanais, Amjad Abu Alala, plébiscité pour Tu mourras à 20 ans (You Will Die at 20), 2019, Lion d’or du meilleur premier film à Venise, qui épaule la production de son compatriote. Des cinéastes engagés pour exposer le potentiel du pays malgré les tensions (puisque des combats entre l’armée et les Forces de soutien rapide, ont repris juste après la projection de Goodbye Julia à Cannes).
L’armée est dirigée par le comité de sécurité qui soutenait le président déchu Omar Al-Bashir à l’époque du régime islamiste tandis que les Forces de soutien rapide sont une milice nourrie des guerres précédentes. Mais le propos de Mohamed Kordofani est orienté vers la sécession du Sud Soudan, survenue le 9 juillet 2011, qui a clivé le pays originel. « Le film traite de la séparation de manière plus globale et pas seulement de la séparation du Sud. Il traite également de la séparation des maris, des enfants, des amis et des êtres chers », déclare le cinéaste qui voit dans cette situation « la preuve la plus importante des problèmes partisans sous toutes ses formes et de la crise d’identité culturelle et religieuse dont souffre le Soudan. »
Le récit est centré sur Mona, une ancienne chanteuse du nord, qui engage comme employée de maison Julia et recueille son fils. Mona ne dit pas que Julia est la veuve d’un homme du Sud que son mari a tué sans savoir qu’elle était la vraie responsable de sa mort. Elle cache son secret à Akram, son mari, et à Julia. Mais les événements politiques qui secouent le Soudan et vont le scinder, obligent Mona à assumer ses mensonges. Chacun doit évoluer pour trouver une juste place.
A travers cette évocation, Mohamed Kordofani détache la relation de deux femmes, de classes, d’âges, de communautés et de religions différentes, en précisant : « Goodbye Julia est un voyage difficile à travers la mémoire collective des peuples soudanais et sud soudanais, qui traite de la vie quotidienne normale de deux femmes liées par des situations sociales et politiques inhabituelles qui les ont beaucoup affectées. » Ainsi les héroïnes se confrontent aux soubresauts du référendum de sécession. « Le film examine la dynamique de l’interaction compliquée entre les nordistes et les sudistes, ainsi que le conflit entre le progressisme et le conservatisme », estime le cinéaste qui « aborde le processus de changement par lequel nous devons passer pour nous réconcilier. »