Avec ce premier long métrage fiction, la réalisatrice israélo-éthiopienne Aäläm-Wärqe Davidian brosse le quotidien de familles à la fin de la guerre civile éthiopienne, en montrant l’impact des ces années de conflits sur les foyers.
Mina 16 ans, vit à Addis-Abeba avec son frère et sa grand-mère dans l’attente et l’espoir de rejoindre ses parents en Israël pour échapper à cette guerre civile qui dure depuis des décennies. Si elle est juive, ce n’est pas le cas de son petit copain Eli, chrétien qui n’est pas à l’abri d’être enrôlé de force par la junte militaire de Mengistu Haïle Mariam.
Ayant elle même grandi en Ethiopie jusque à l’âge de 11 ans où elle a dû fuir le pays avec sa famille, Aäläm-Wärqe a conservé les souvenirs de ce qu’est vivre enfant dans un contexte de guerre permanent.
Comme Mina (éblouissante Betalehem Asmama), elle est née durant ces décennies de conflits (des années 70 jusqu’en 90′) et voit sa famille décomposée à cause de la guerre: « Il était tout à fait commun d’avoir un membre de sa famille partie en guerre. Je ne connais pas mon père parce qu’il était parti pour la guerre, ni mon oncle pour les mêmes raisons« , raconte-elle, C’était comme ça, les hommes allaient à la guerre et les femmes essayaient de survivre« .
Si Mina est une courageuse qui ne recule devant ni les ordres de sa famille ni les autorités, la réalisatrice dit ne pas être aussi courageuse que son personnage, mais au contraire être quelqu’un de plutôt réservée et craintive. Mina fait en effet face à divers situations, notamment en tentant de sauver la vie d’un ancien soldat paraplégique qui tente de se donner la mort dans le même bois où elle et Eli ont pour habitude de se retrouver. « Il était courant à cette période de voir des gens qui tentaient de se suicider« , explique Aäläm-Wärqe.
En partageant le quotidien des communautés d’un point de vue d’une jeune adolescente soucieuse du sort de son ami, impuissant face à la menace d’un enrôlement forcé, la réalisatrice va au delà des simples faits historiques mais veut montrer l’impact sur les familles déchirées par la guerre.
En première mondiale au Festival international du film de Toronto 2018 (Prix du Public Eurimages pour la meilleure réalisatrice, Fig Tree a obtenu le Prix de la meilleure cinématographie à l’Académie du Film israélien et le Prix du meilleur au Festival Vues d’Afrique 2019.
Djia Mambu
Trackbacks/Pingbacks