Les grandes épopées tournées vers le passé de l’Orient, deviennent rares au Maroc. Mais Souheil Benbarka assure la pérennité du genre avec De sable et de feu (Le rêve impossible !), 2019. Ce film connaît une distribution discrète en France après avoir été projeté en grande première au Mali, devant les dirigeants politiques et culturels. Le réalisateur, né à Tombouctou, a choisi son pays natal pour dévoiler sa dernière production ambitieuse. Car Souheil Benbarka a fait ses études au lycée de Bamako puis il est parti pour l’Italie, étudier au Centre Sperimentale di Cinématografia, ce qui influence durablement son style.
« Après des études de cinéma à Rome, je n’ai pas arrêté de faire des films », rappelle le cinéaste de 76 ans. « C’est ainsi que le Roi du Maroc m’a demandé si je pouvais venir m’occuper du centre du cinéma. » Il dirige, en effet, le Centre Cinématographique Marocain de 1986 à 2003 mais se fait surtout reconnaître en dopant le cinéma au Maroc. On lui doit huit films dont certains sont des classiques : Les Mille et Une Mains, 1974, La guerre du pétrole n’aura pas lieu, 1975, Noces de sang, 1976, Amok, 1982. Il évolue vers des reconstitutions hiératiques avec Les Cavaliers de la gloire, 1990, L’Ombre du pharaon, 1996, ou Les Amants de Mogador, 2002.
De sable et de feu évoque, à partir de 1802, la figure de Ali Bey, un espion espagnol du nom de Domingo Badia, qui a pour mission de renverser le Sultan Moulay Slimane. Mais ce dernier fait de Ali Bey un héros populaire dans le but de redorer son prestige aux yeux du peuple marocain. Entre les deux hommes, s’exerce une étrange lutte de séductions et de pouvoirs. Ali Bey envisage de devenir Sultan sans respecter les ordres venus d’Espagne. Le drame se noue tandis que Ali Bey a succombé aux charmes de Lady Hester, une aristocrate anglaise amoureuse de l’Orient, attirée par l’Islam, qui rêve de restaurer le royaume de la cité antique de Palmyre pour en devenir reine.
Ces personnages se jettent les uns contre les autres dans le brassage de cultures et l’esprit de conquêtes qui marquent le XIXème siècle. L’histoire de Ali Bey est basée sur un livre qui raconte ses péripéties alors qu’il est en mission au Maroc, touché par l’accueil bienveillant du Sultan Moulay Slimane. Et ce sont ces événements, transmis par un coproducteur espagnol, qui ont sensibilisé Souheil Benbarka au sujet en le poussant à écrire un scénario avec le Français Bernard Stora.
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