Dates-clefs de l’Histoire des cinémas d’Afrique

Dates-clefs de l’Histoire des cinémas d’Afrique

par Olivier Barlet et Claude Forest

Cet article complète « Les Six décennies des cinémas d’Afrique » publié sur Africultures, qui retrace de façon concise l’Histoire des cinémas d’Afrique. Ils paraîtront tous deux en anglais en 2021 dans la revue Black Camera dans la deuxième partie du dossier « African Cinema: Manifesto and Practice for cultural Decolonization ». Merci de nous signaler tout oubli ou erreur qui seraient à corriger. Il est clair qu’il est ici impossible de citer tous les films importants : nous nous sommes surtout contentés des films primés à Ouagadougou ou Tunis.


>>> 1. 1896-1955 : le cinéma au temps des colonies
>>>> 2. 1955-1982 : un cinéma de la décolonisation
>>>> 3. 1982-1998 : économie de marché et individuation
>>>> 4. Depuis 1998 : Renouvellement esthétique et révolution numérique

1. 1896-1955 : le cinéma au temps des colonies

 

Dès l’invention du cinématographe, des opérateurs sont envoyés en Afrique et partout dans le monde pour en rapporter des images lointaines et inhabituelles. En Afrique comme ailleurs, les projections rencontrent un grand succès et se généralisent rapidement, d’abord sous forme ambulante. Le cinéma colonial allie exotisme, ethnocentrisme et propagande (nature contre culture, sauvage contre civilisé, groupe contre individu, croyance contre science, etc.), et les films projetés aux populations proviennent essentiellement du Nord. Une industrie se met toutefois en place en certains pays, notamment en Egypte et Afrique du Sud.

 

1895 – Projections sur écran de « vues photographiques animées », en novembre par les frères Skladanowsky à Berlin, en décembre par les Frères Lumière à Paris

1896 – Les opérateurs Lumière tournent des films courts en Afrique.

1895 – A la découverte du monde. Une femme ouolove, de Félix Regnault (France) sur une potière sénégalaise : la documentation des comportements. A partir de 1908, Albert Kahn rend compte des cultures d’une soixantaine de pays.

1896 – Projections en Afrique du Sud, en Egypte.

1897 – Projections au cinéma Lumière de Tunis par le photographe Albert.

1897 – Projections au Maroc.

1900 – Projection de L’Arroseur arrosé des frères Lumière dans un cirque à Dakar.

1903 – Projections au Nigeria.

1910 – Indépendance de l’Afrique du Sud et premier film (muet, aujourd’hui perdu) : The Great Kimberley Diamond Robbery / The Star of the South (15′, réalisateur inconnu).

1911 – 8 salles de cinémas au Caire, 3 à Alexandrie.

1912 – Alice Guy réalise aux Etats-Unis A Fool and His Money qui est un des premiers films joués uniquement par des acteurs afro-américains, les acteurs blancs ayant refusé d’y jouer.

1914 – 7 « théâtres-cinémas » à Alger, 12 salles en 1920, 40 en 1939.

1915 – Sortie au Etats-Unis du film raciste Naissance d’une nation (The Birth of a Nation) de D. W. Griffith, qui connaît un immense succès populaire.

1916-1922 – Production en Afrique du Sud de 37 films de fiction par l’African Film Production de l’homme d’affaires américain Isadore W. Schlesinger qui a créé les Killarney Film Studios à Johannesbourg.

1918 – Tarzan of the Apes de Scott Sidney (86′) réalise aux Etats-Unis un chiffre d’affaires de $1,500,000.

1921 – Le roman Batouala, du Martiniquais René Maran, dénonciation du quotidien du colonialisme, obtient le prix Goncourt mais est interdit en Afrique.

1921 – L’Atlantide de Jacques Feyder (163′), adaptation du roman de Pierre Benoit, rencontre un énorme succès : le mystère face à la force masculine blanche, l’amour interracial impossible comme programme du cinéma colonial. Remakes en 1932 (Georg-Wilhem Pabst), 1947 (Gregg G. Tallas), 1961 (Edgar G. Ulmer), 1972 (Jean-Kerchbron & Armand Lanoux), etc.

1922 – Premier court métrage de fiction tunisien : Zohra d’Albert Samama-Chikli (35′), un hommage aux Bédouins.

1922 – Indépendance de l’Egypte, qui devient un royaume, et premier court métrage de fiction en 1923 : Barsoum Looking for a Job, comédie de Mohamed Bayoumi (12′) pour la tolérance entre musulmans et coptes.

1923 – Première diffusion radio expérimentale en Afrique du Sud à Johannesbourg.

1924 – Commande de Citroën, Léon Poirier tourne La Croisière noire (70′) : de Tombouctou à Madagascar en autochenilles – le cinéma ethnographique se détache de l’exotisme.

1924 – Salles de cinéma à Casablanca puis à Rabat.

1925 – Marc Allégret tourne Voyage au Congo (94′) sur la beauté des peuples noirs, avec André Gide qui publie un livre éponyme, réquisitoire contre les exactions coloniales.

1930 – 755 salles en Afrique. Ce nombre sera de 1683 en 1951, puis 2168 en 1960, principalement au Maghreb.

1930 – Première adaptation d’un roman égyptien : Zeinab de Mohamed Karim, d’après le roman populiste de Mohamed Hussain Heykel Pacha (version parlante en 1952, 120′).

1931-1940 – Nigeria Health Propaganda Unit : test de cinéma éducatif ambulant, supervisé par William Sellers.

1933 – Inauguration du Majestic à Alger, la plus grande salle d’Afrique : 3500 places.

1933-1937 – Bantu Educational Cinema Experiment (BEKE) : test de cinéma éducatif ambulant avec commentateur – traducteur, supervisé par L.A. Notcutt and G.C. Latham.

1934 – France : décret dit “Laval” visant au contrôle des œuvres musicales et cinématographiques enregistrées en Afrique occidentale francophone.

1934 – Dans Itto de Marie Epstein et Jean-Benoît Levy (117′), sur la médecine militaire et les combats entre coloniaux et autochtones, ceux-ci parlent le “chleuh” (sous-titré).

1935 – Création des studios Misr par la banque Misr au Caire pour servir l’identité nationale et s’opposer aux occupants britanniques : 50 à 80 films musicaux, mélodrames et comédies par an, appuyés sur des acteurs célèbres. Nationalisation en 1961.

1935-1940 – Développement des projections éducatives ambulantes dans les colonies britanniques de films dont la production reste basée à Londres.

1935 – Sands of the River (Zoltan Korda, Royaume Uni, 98’), grand succès primé au festival de Venise, suggère que le pouvoir colonial britannique au Nigeria va dans l’intérêt des Africains. Paul Robeson, qui avait accepté le rôle du chef Bosambo si les Africains étaient montrés positivement, désavoue le film.

1936 – La diva égyptienne Oum Kalsoum interprète le rôle d’une esclave dans Wedad de Fritz Kramp (130′), et jouera dans une centaine de films musicaux.

1936 – Instauration d’une “commission de contrôle des films pour indigènes” au Congo Belge.

1936 – Nationalisation en Afrique du Sud des stations de radiodiffusion d’Isidore William Schlesinger sous le nom de South African Broadcasting Corporation.

1937 – Le diacre malgache Philippe Raberojo tourne en 9/5 mm un docu-fiction, La Mort de Rasalama (22′), à l’occasion du centenaire de la mort de la martyre protestante malgache Rasalama.

1937 – Création d’un bureau de censure au Nigeria.

1938 – Les anthropologues utilisent la caméra pour documenter leurs recherches, notamment au Mali où Marcel Griaule tourne Au pays dogon (15’) et Sous les masques noirs (15’), suivi à partir de 1947 par Jean Rouch, Germaine Dieterlen, Claude Meillassoux, etc.

1939 – La Détermination (The Will, Al Azima), de Kamal Selim (Egypte) : sans danses ni chants, un réalisme populiste sur la classe moyenne urbaine touchée par la crise économique.

1939 – L’Algérie compte 188 salles, le Maroc 56, la Tunisie 47.

1939 – Le Français Jacques de Baroncelli tourne L’Homme du Niger (102′), qui magnifie le dévouement civilisateur des colons.

1940 – Création du Colonial Film Unit (CFU) par le gouvernement britannique pour adapter les projections éducatives (cinéma ambulant et interprète) et soutenir l’effort de guerre occidental.

1941 – Premier succès dans Intisar al-chabab d’Ahmed Badrakhan (120’) du chanteur-compositeur et acteur syro-égyptien Farid El Atrache, qui jouera souvent en duo avec la danseuse Samia Gamal.

1944 – Création du Centre cinématographique marocain (CCM).

1945 – Salah Abou Seif, père du cinéma réaliste égyptien, réalise son premier long métrage. Comme Youssef Chahine, il collaborera avec l’écrivain Naghib Mahfouz, prix Nobel 1988, qui jouera un grand rôle dans le renouvellement des thèmes.

1946 – 64 films sont tournés en Egypte ; 1946-60 : âge d’or du cinéma égyptien, qui rayonne dans tout le monde arabe.

1948 – Création de la Gold Coast Film Unit (actuel Ghana) avec une unité de formation destinée aux Africains.

1950 – Afrique 50 de René Vautier (17′) : dénonciation des exactions coloniales ; le réalisateur sera condamné à un an de prison et son film confisqué jusqu’en 1990.

1950 – Congo belge : un ciné-club regroupe à Léopoldville des cinéphiles congolais qui s’essayent au cinéma. En 1951, Albert Mongita tourne La Leçon de cinéma. En 1953, Emmanuel Lubalu tourne Les Pneus gonflés avec l’acteur Bumba.

1951 – Indépendance de la Libye.

1953 – Guinée : Mamadou Touré tourne Mouramani (23′), un conte sur un roi.

1953 – Les Statues meurent aussi de Chris Marker et Alain Resnais (France, 30′) : le racisme envers « l’art nègre »; film interdit jusqu’en 1964.

1953 – Bongolo et la princesse noire du Belge André Cauvin (85’), joué par des acteurs congolais, est projeté au festival de Cannes.

1953 – Création à Saint-Cast (Bretagne) d’un festival qui comporte une section dédiée aux colonies. Il passe à Dinard en 1966 et deviendra en 1969 le Festival internationale du film et d’échanges francophones (FIFEF).

2. 1955-1982 : un cinéma de la décolonisation

 

Avec les Indépendances, des cinéastes africains émergent qui cherchent à se regrouper dans une Fédération. L’heure est au panafricanisme, que concrétiseront les festivals créés à Tunis et Ouagadougou. L’enjeu est de décoloniser les écrans autant que les esprits, mais les enjeux économiques et politiques sont de taille.

 

1955 – Afrique sur Seine, réalisé à Paris par les Sénégalais Paulin Soumanou Vieyra et Mamadou Sarr (21′). Il est souvent considéré à tort comme le premier film noir-africain, mais sa revendication de l’égalité des humains en fait un manifeste inaugural.

1956 – Indépendance du Maroc, de la Tunisie et du Soudan.

1956 – Le monopole Schlesinger en Afrique du Sud est brisé par l’apparition de Jamie Uys, premier réalisateur indépendant qui rencontrera un succès mondial avec la comédie raciste Les Dieux sont tombés sur la tête (1980, 100’).

1956 – Premier Congrès des écrivains et artistes noirs à Paris. Participation de Sembène Ousmane.

1957 – Indépendance du Ghana. Création de la Ghana Film Industry Corporation (GFIC), dotée d’excellents équipements, sur les bases de la Gold Coast Film Unit créée en 1948.

1957 – Création de la Société anonyme tunisienne de production et d’expansion cinématographique (SATPEC).

1957 – Décret promulguant des taxes de soutien au cinéma en Egypte et création de l’Organisme de soutien du cinéma.

1957 – Jean Rouch tourne à Abidjan Moi, un noir (72’) avec le docker Oumarou Ganda qui deviendra un cinéaste marquant au Niger.

1958 – Indépendance de la Guinée.

1958 – Youssef Chahine fait scandale en Egypte avec Gare centrale (76’) qui sera interdit durant deux ans. Chahine y joue un miséreux boiteux érotomane.

1958 – Premier long métrage marocain, Le Fils maudit de Mohamed Ousfour (50′) : la négligence des parents le mène à la délinquance et au crime.

1958 – Référendum pour la Constitution de la V° République française, dont le titre XII porte sur la Communauté. Seule la Guinée vote “non” et prend son indépendance.

1959 – Come back Africa, de Lionel Rogosin (USA, 95’), premier long métrage tourné en Afrique du Sud dénonçant la condition des Noirs.

1959 – Deuxième Congrès des écrivains et artistes noirs à Rome. Participation de Sembène Ousmane.

1959 – Création du Conseil de l’Entente (Dahomey, Côte d’Ivoire, Haute – Volta, Niger, rejoints par le Togo en 1966).

1959 – Fédération du Mali regroupant les Sénégal, Soudan, Dahomey et Haute-Volta, puis se réduisant aux deux premiers.

1959 – Première chaîne de télévision au Nigeria : la Western Nigerian Television (WNTV) à Ibadan.

1959 – La Guinée nationalise l’importation et la distribution des films.

1959 – Ouverture de l’Institut supérieur du cinéma en Egypte.

1960 – Indépendances successives : Cameroun, Fédération du Mali, Togo, Madagascar, Congo belge, Somalie, Dahomey, Niger, Haute Volta, Côte d’Ivoire, Tchad, République centrafricaine, Congo (Brazzaville), Gabon, Nigeria, Mauritanie.

1960 – Eclatement de la Fédération du Mali, le Soudan devient la République du Mali et se déclare libre de tout engagement vis-à-vis de la France.

1960 – Première chaîne de télévision nationale égyptienne.

1961 – Nationalisation partielle de l’industrie du cinéma égyptienne.

1961 – Indépendance de la Sierra Leone et de la Tanzanie.

1961 – Conférence de Casablanca avec les États africains les plus radicaux (Guinée, Maroc, FLN algérien, Ghana, Libye, République Arabe Unie).

1961 – Création de l’Union africaine et malgache (future OCAM, Organisation commune africaine et malgache, 1965) par les pays les plus modérés (groupe dit de Brazzaville).

1961 – Création du ministère français de la Coopération et du Consortium audiovisuel international (CAI) pour faciliter la production de reportages et documentaires. Mise en place de la cellule technique du ministère dirigé par Jean-René Debrix.

1962 – Indépendances successives : Rwanda, Burundi, Algérie, Ouganda.

1962 – Création de l’Office du cinéma malien.

1962 – Télévisions nationales en Afrique francophone sur le modèle juridique et administratif de l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) : 1962 au Congo-Brazzaville, Algérie (née en 1956) et Maroc, 1963 au Gabon, Haute-Volta, Tunisie et Côte d’Ivoire, 1966 au Zaïre, 1973 au Togo, 1977 en Guinée, 1978 au Bénin, 1983 au Mali, 1984 en Mauritanie, 1985 au Cameroun, 1987 au Tchad, 1992 au Rwanda.

1962 – Création de la Société Ivoirienne du Cinéma (SIC, dissoute en 1979) – films de promotion et soutien technique aux fictions, voire production comme pour les deux premières comédies d’Henri Duparc : Abusuan (1972, 93’) sur la prédation familiale et L’Herbe sauvage sur l’adultère et la jalousie (1975, 76’).

1962 – Aouré, du Nigérien Mustapha Alassane (30′), sur une rencontre et un mariage villageois.

1963 – Indépendance du Kenya. La Kenya Broadcasting Corporation (KBC) devient Voice of Kenya puis reprend son nom en 1989. Des télévisions nationales suivent en Ouganda, Soudan, Zambie.

1963 – 32 États créent l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui adopte le principe de l’intangibilité des frontières (1964).

1963 – Selon Paulin Soumanou Vieyra, le nombre de salles de cinéma est de : Union sud-africaine 368, Nigeria 82, Sénégal 65, Côte d’Ivoire 50, Tanganyika 45, Ethiopie 40, Libye 40, Mozambique 35, Congo-Brazzaville 32, Congo-Léopoldville 30, Somalie 27, Madagascar 27, Angola 20, Mali 19, Ouganda 18, Cameroun 15, Sierra Leone 11, Haute-Volta 7, Tchad 6, Niger 5…

1963 – Après un an de formation au Studio Gorky de Moscou, le Sénégalais Sembène Ousmane tourne à Dakar Borom Sarret (22′), manifeste réaliste d’une revendication identitaire face aux élites néo-coloniales.

1963 – Peuple en marche, documentaire d’Ahmed_Rachedi et des cinéastes du centre de formation audiovisuelle animé par René Vautier en Algérie (55′), issues de leurs images partiellement détruites par la police française.

1964 – Indépendance du Malawi et de la Zambie.

1964 – Création du Centre national du cinéma algérien (CNCA).

1964 – Création du festival du film amateur à Kelibia en Tunisie.

1965 – Indépendance de la Gambie.

1965 – L’Aube des damnés de l’Algérien Ahmed Rachedi (100′) : pour une Histoire de l’Afrique démystifiée et contre le racisme.

1966 – Indépendance du Botswana et du Lesotho.

1966 – Festival mondial des Arts nègres à Dakar.

1966 – Premières Journées cinématographiques de Carthage (JCC) créées par le ministère de la Culture sous l’impulsion de Tahar Cheriaa. Tanit d’or : La Noire de…, de Sembène Ousmane, premier long métrage du Sénégal (65’, une version de 55’ avait été écourtée pour être immatriculée en France), sur le parcours d’une domestique pour signifier la cruauté du mépris de classe.

1966 – La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo Gillo (121′) : film épique algéro-italien devenu culte par son portrait de Brahim Hadjadj (Ali la Pointe).

1966 – Le Vent des Aurès de Mohamed Lakhdar-Hamina (Algérie, 90′) : sur la guerre de libération, prix de la première œuvre au festival de Cannes.

1966 – Le Sergent Bakary Woolen de Mohamed Lamine Akin (100’), premier long métrage de Guinée, contre le mariage forcé.

1967 – Création en Guinée de la régie d’État Syli-Cinéma, qui fait office de Centre national de cinéma.

1967 – Dissolution du CNCA remplacé par le Centre algérien de la cinématographie (CAC) et l’Office national pour le commerce et l’industrie Cinématographique (ONCIC, dissout en 1984). Mise en place du Fonds du développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique.

1968 – Indépendance de Maurice, du Swaziland et de la Guinée équatoriale.

1968 – Sam Arieetey réalise le premier long métrage ghanéen : No Tears for Ananse, adapté d’un conte populaire sur un paysan face à sa famille, et prend l’année suivante la direction de la GFIC.

1968 – Création de la Kenyan Film Corporation (KFC) qui se cantonne à la distribution de films surtout étrangers.

1968 – La Nigeria Television Authority (NTA) diffuse jusqu’en 1988 un feuilleton à succès en anglais et pidgin nigérian, The Village Headmaster.

1968 – Manifeste « vers un troisième cinéma » des cinéastes argentins Fernando Solanas et Octavio Getino.

1968 – 2ème édition des JCC. Tanit d’or : non décerné, le jury considérant que les films ne répondaient pas aux critères de qualité internationale dans le cadre de l’aide à la lutte du Tiers monde.

1968 – Le Mandat de Sembène Ousmane (105′) évoque la naissance d’une bourgeoisie africaine et la lutte des classes. Prix de la critique internationale à la Mostra de Venise.

1968 – Les Hors-la-loi de Tewfik Farès (95′) : premier film algérien en couleurs, western sur un trio de « Robin des bois » avant la révolution.

1969 – Du 1er au 15 février, premier Festival de cinéma africain de Ouagadougou (qui deviendra en 1972 le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, Fespaco), créé par un groupe de cinéphiles du ciné-club du Centre culturel franco-voltaïque.

1969 – Festival culturel panafricain d’Alger, sous l’égide de l’OUA. Le symposium adopte un manifeste culturel panafricain. Création de l’Union panafricaine du cinéma qui devient la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) en octobre 1970 lors de son premier Congrès aux JCC.

1969 – La MPEAA (Motion Picture Export Association of America) fonde l’AFRAM (Afro-American Films), cartel de distribution de films qui s’établit à Dakar pour concurrencer le duopole dirigé par des Français, les SECMA (Société d’exploitation cinématographique africaine)  et COMACICO (Compagnie africaine de cinéma commercial).

1969 – Nationalisation du cinéma somalien et premier long métrage en 1970 : Hopes and Dreams, de Ibrahim Mallassy.

1969 – La Femme au couteau (80′), premier long métrage de Côte d’Ivoire, film fantastique de Timité Bassori sur l’inhibition sexuelle d’un intellectuel suite à la répression par sa mère dans son enfance.

1969 – L’Opium et le bâton d’Ahmed Rachedi (Algérie, 135’) : film d’action sur l’engagement révolutionnaire, d’après Mouloud Mammeri.

1969 – La SATPEC obtient le monopole d’État de la distribution cinéma en Tunisie (jusqu’en 1981).

1970 – 306 salles de cinéma en Afrique francophone, dont 119 possédées et 130 programmées par la SECMA et la COMACICO qui dominaient surtout l’importation et la distribution des films en Afrique francophone. Le parc passera à 328 salles en 1980 pour décroitre ensuite : 138 en 2000, 49 en 2015.

1970 – Nationalisation en janvier en Haute Volta de six salles programmées par la COMACICO et la SECMA. Création de la Société nationale voltaïque du cinéma (SONAVOCI) pour continuer d’avoir les films distribués par ces deux sociétés et créer de nouvelles salles (elle deviendra la Société nationale d’exploitation et de distribution cinéma du Burkina, SONACIB, au changement de nom du pays en 1984). 10 % de ses recettes alimentent le Fonds de développement du cinéma voltaïque qui produira le premier long métrage de fiction du pays, Le Sang des parias de Mamadou Djim Kola (1971, 90’), sur un mariage impossible avec un jeune de la caste des forgerons.

1970 – Du 1er au 15 février, second Festival du cinéma africain de Ouagadougou. Une résolution des cinéastes (Union Panafricaine du Cinéma) est signée pour maintenir le siège du festival à Ouagadougou.

1970 – Création à Niamey par 21 États francophones, dont 15 africains, de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), future Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) en 1998 puis Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 2006 avec 88 pays.

1970 – Hamid Bénani tourne Wechma (100’), qui ouvre au cinéma marocain de nouvelles techniques de narration.

1970 – Le Mali nationalise les salles SECMA-COMACICO, suivi par le Dahomey, et le Sénégal en 1972.

1970 – Les 3ème JCC attribuent leur tanit d’or à l’Egyptien Youssef Chahine pour l’ensemble de son œuvre et pour Le Choix (110′), un film sur la schizophrénie ambiante. Premier Congrès de la FEPACI durant les JCC.

1970 – Nationalisation des salles de la COMACICO au Mali, confiées à l’OCINAM (Office cinématographique national du Mali) créé en 1962.

1970 – De retour de ses études de cinéma à Moscou, Souleymane Cissé est employé par le Service cinématographique du ministère de l’Information du Mali (SCINFOMA, créé en 1966 pour reprendre la section production de l’OCINAM et remplacé par le CNPC en 1977) pour lequel il tournera 30 films d’actualité et 5 documentaires. Il réalise en bambara en 1971 Cinq jours d’une vie (50’) sur un jeune voleur, qui recevra un tanit de bronze aux JCC de 1972.

1970 – Avec Soleil Ô (102′), Med Hondo réalise à Paris le premier long métrage mauritanien, où le racisme et l’humiliation font basculer un immigré dans la folie.

1971 – Les Tams tams se sont tus de Philippe Mory (80′), premier long métrage d’un Gabonais : un homme séduit la jeune épouse de son oncle, qui tente d’abattre les amants, comme le veut la coutume.

1971 – Kodou, sur la force des traditions (89′), premier long métrage du Sénégalais Ababacar Samb Makharam qui dirigera la Fédération panafricaine des cinéastes de 1972 à 1976.

1971 – Emitaï (103’), premier film historique de Sembène Ousmane et réquisitoire contre le colonialisme.

1972 – Première fiction libyenne : When Fate Hardens / Destiny is Hard, d’Abdella Zarok ; création du General Council for Cinema en 1973.

1972 – Le Indigenization Decree transfère la propriété de 300 salles de cinéma à des Nigérians, mais elles continuent de passer des films américains, même avec la création de la National Film Distribution Company en 1981.

1972 – 3ème Fespaco – le comité d’organisation devient national, les Etats ségrégationnistes sont boycottés mais l’ANC est dorénavant invitée à travers la présence du cinéaste Lionel NGakane ; Étalon de Yennenga : Le Wazzou polygame d’Oumarou Ganda (Niger), sur la polygamie comme tartuferie religieuse.

1972 – Création de la Société nationale de cinéma (SNC) au Sénégal, qui coproduit Le Bracelet de bronze de Tidiane Aw (1974, 93’) sur l’exode rural, Baks de Momar Thiam (1974, 90’) sur les tribulations d’un jeune délinquant, Xala de Sembène Ousmane (1974, 128’) sur l’impuissance d’un homme d’affaires, Njangaan de Mahama Johnson Traoré (1975, 90’), critique sévère de l’enseignement coranique. Crédits épuisés en 1976.

1972 – FVVA : Femmes Voitures Villas Argent de Mustapha Alassane (68′), premier long métrage d’un Nigérien, où ce mirage conduit à la prison.

1972 – Le Tanit d’or des 4ème JCC est attribué ex-aequo à Les Dupes de l’Egyptien Tewfik Saleh (107′), sur l’émigration tragique des Palestiniens, et Zambizanga de la Guadeloupéenne Sarah Maldoror (102′), un drame politique de la lutte d’indépendance de l’Angola.

1972 – 40 salles à Madagascar, qui ne seront plus que 11 en 2007.

1973 – Indépendance de la Guinée-Bissau.

1973 – Innovateur et subversif, Touki bouki de Djibril Diop Mambety (Sénégal, 87’) ouvre une nouvelle voie esthétique et thématique. Anta s’y embarque pour la France tandis que Mory refuse ce mirage.

1973 – 4ème Fespaco – les mouvements de libération comme le FRELIMO, le MPLA, le PAIGC sont invités ; Thème : Le rôle du cinéma dans l’éveil d’une conscience de civilisation noire. Étalon de Yennenga : Les Mille et Une Mains du Marocain Souheil Ben Barka (Maroc), peinture des inégalités sociales issues de l’aliénation religieuse.

1973 – Sur ordre de Valéry Giscard d’Estaing, la SOPACIA (Société de participation cinématographique africaine) contrôlée par l’UGC (Union générale cinématographique), rachète la SECMA et la COMACICO. Elle détient 75 % du marché de la distribution des films en Afrique francophone contre 22 % à l’AFRAM et vend progressivement son parc de salles jusqu’en 1980.

1973 – Création de la SIDEC (Société d’importation, d’exploitation et de distribution cinématographique) au Sénégal avec 20% pour la SOPACIA.

1973 – Nationalisation des salles au Zaïre.

1973 – Premier sommet à Paris des chefs d’État français et africains.

1973 – Conférence des cinéastes du Tiers-monde à Alger, qui préconise une organisation tricontinentale de distribution de films.

1973 – La Rançon d’une alliance de Sébastien Kamba (71’), premier long métrage du Congo, sur des combats fratricides montrant la condition des esclaves, des femmes et des paysans à l’époque précoloniale.

1973 – Very remby, le retour d’Ignace Solo Randrasana (88’), premier long métrage de Madagascar, docu-fiction sur une famille fuyant la misère urbaine dans l’espoir d’une vie meilleure.

1974 – Sous le signe du Vaudou de Pascal Abikanlou (100’), premier long métrage du Dahomey et premier film africain monté par Andrée Davanture, où un mariage traditionnel conjure la colère des divinités.

1974 – Walanda. la leçon (90’), premier long métrage du Mali où l’écrivain Alkaly Kaba adapte son propre roman : une jeune villageoise et un riche citadin sont trop différents pour que leur union marche.

1974 – Le Sénégalais Samba Félix Ndiaye réalise son premier documentaire Pérantal (30’) et en tournera une quinzaine jusqu’à sa mort en 2009.

1974 – Séminaire de l’ACCT à Ouagadougou sur « le rôle du cinéaste africain dans l’éveil d’une conscience de civilisation noire », qui accorde autant d’importance à la forme qu’au fond.

1974 – Le Tanit d’or des 5èmeJCC est attribué ex-aequo à Les Bicots-nègres vos voisins de Med Hondo (Mauritanie/France, 190′), sur la situation des travailleurs immigrés en France, et Kafr Kassem de Borhane Alaouie (Syrie, 120′), sur le massacre en 1956 de villageois palestiniens par des soldats israéliens.

1974 – Nationalisation des salles et création de l’Office national du cinéma du Dahomey (privatisation et dissolution en 1988).

1974 – Création des sociétés panafricaines CIDC (Consortium interafricain de distribution cinématographique) et CIPROFILM (Centre interafricain de production de films) dont le principe avait été décidé par l‘OCAM en 1970.

1975 – Indépendances successives : Mozambique, Cap-Vert, Comores, Sao Tomé-et-Principe, Angola.

1975 – Création de l’Institut national du cinéma (INC) au Mozambique, qui produira le journal cinématographique Kuxa Kanema, diffusé par cinéma ambulant.

1975 – Création du Centre du cinéma gabonais (CENACI), dirigé par Philippe Mory qui présidera aussi l’Association des cinéastes gabonais (ACG) en 1981.

1975 – Le Malien Souleymane Cissé tourne le dramatique Den Muso (La Jeune fille)  (86’), pour dénoncer le rejet des filles mères. Accusé à tort de malversation, Cissé est emprisonné 10 jours et le film interdit trois ans.

1975 – Lettre paysanne (Kaddu Beykat) de la Sénégalaise Safi Faye (98′), premier long métrage d’une réalisatrice africaine francophone, sur les problèmes économiques du monde rural.

1975 – Création de la Somali Film Agency.

1975 – Nationalisation du cinéma et de l’importation des films à Madagascar.

1975 – Palme d’or du festival de Cannes pour Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina (157’) : histoire de l’Algérie de 1939 à 1954, expropriation des terres et déculturation.

1975 – Le second Congrès de la FEPACI adopte « la charte d’Alger », anti-impérialiste et panafricaniste.

1975 – Le Nigérian Ola Balogun tourne Ajani-Ogun, musical et populaire, première adaptation du théâtre yoruba à l’écran, avec Ade Folayan qui deviendra lui-même réalisateur.

1976 – Ceddo (120’), deuxième film historique de Sembène Ousmane, montre la résistance populaire face à l’oppression religieuse. Interdit jusqu’en 1984 par le président Léopold Sédar Senghor sous prétexte que Ceddo ne prendrait qu’un seul “d” !

1976 – Indépendance des Seychelles et déclaration d’indépendance de la République arabe sahraouie démocratique.

1976 – Omar Gatlato de Merzak Allouache (80’), évocation réaliste de la jeunesse, ouvre une nouvelle voie au cinéma algérien.

1976 – Télévisions nationales en Afrique lusophone : 1976 en Angola, 1981 au Mozambique, 1984 au Cap-Vert.

1976 – 5ème Fespaco – reporté en raison du conflit armé avec le Mali, fiasco organisationnel mais succès public ; Thème : Le cinéaste africain du futur : implication éducative. Étalon de Yennenga : Muna Moto (L’Enfant de l’autre) du Camerounais Jean-Pierre Dikongué Pipa (89’) où un mariage d’amour est empêché par la tradition de la dot.

1976 – Création de l’Institut africain d’études cinématographiques (INAFEC) à Ouagadougou, en partie financé par l’UNESCO pour dix ans, à vocation inter-africaine (dissous en 1987).

1976 – Chaîne de télévision unique en Afrique du Sud après que le gouvernement ait hésité à en créer une pour les Blancs et une pour les Noirs.

1976 – Tanit d’or des 6ème JCC à Les Ambassadeurs du Tunisien Naceur Ktari (102′), sur les émigrés nord-africains à Paris soumis au racisme.

1976 – Création du Festival international du film arabe d’Oran (Algérie).

1976 – Création du Festival international du film du Caire (Egypte), le seul du continent africain à être reconnu par la fédération internationale des producteurs.

1977 – Indépendance de Djibouti.

1977 – Création en Haute-Volta du Centre national de la cinématographie, qui produit notamment le film de son directeur Gaston Kaboré : Wend Kuuni (1982, 75’), conte intemporel sur un enfant qui retrouve la parole.

1977 – Création au Mali du Centre national de production cinématographique (CNPC), également chargé de la censure.

1977 – Les militaires au pouvoir au Nigeria créent la National Television Authority (NTA), tutelle unique des stations régionales nationalisées.

1978 – Le Camerounais Jean-Pierre Dikongué Pipa tourne Le Prix de la liberté (93′) sur les faveurs sexuelles que doivent accorder les femmes africaines pour faire leur place dans la société.

1978 – Tanit d’or des 7ème JCC à Les Aventures d’un héros de Merzak Allouache (Algérie, 134′), sur le destin d’un enfant dans le Sahara.

1979 – 6ème Fespaco, dorénavant en année impaire pour alterner avec les JCC ; Thème : Le rôle du critique du film africain. Étalon de Yennenga : Baara (Le Travail) de Souleymane Cissé (91’), qui dénonce la collusion entre l’économique et le politique. Le film marque un tournant en abordant la question revendicative et syndicale en milieu urbain.

1979 – Adoption des statuts du CIDC et de CIPROFILM créés en 1974.

1979 – Création à Ouagadougou de la Société africaine du cinéma (CINAFRIC) par Martial Ouedraogo avec l’aide de l’État : studio de tournage et outils de post-production. Le complexe ne sera jamais achevé et la société fermera cinq ans après.

1979 – Vente des salles de la SOPACIA à l’État gabonais. La SOPACIA devient l’UAC (Union africaine cinématographique) et se limite au rôle de centrale d’achat de films pour le compte du CIDC et de la SIDEC.

1979 – Création du Festival international du film de Durban (Afrique du Sud).

1979 – Création de l’Office nigérian du cinéma (Nigerian Film Corporation), pour la construction d’un complexe industriel de 160 ha près de Jos qui offrit de 1985 à 1989 un laboratoire, des archives nationales, de l’assistance technique mais ne produisit que dix documentaires.

1980 – Indépendance du Zimbabwe.

1980 – Fermeture de la cellule montage du Bureau du cinéma français. Création d’ATRIA animée par la monteuse Andrée Davanture (fermeture en 1999 suite à la cessation des subventions étatiques).

1980 – Tanit d’or des 8ème JCC à Aziza d’Abdellatif Ben Ammar (100′), sur les mutations de la Tunisie urbaine.

1980 – Création d’un fonds de soutien à la production au Maroc, géré par le CCM.

1981 – Création du festival le mieux doté au Maroc, le Festival International du Film de Marrakech.

1981 – Le Marocain Ahmed El Maânouni tourne Transes (86’), docufiction devenu culte avec le groupe Nass El Ghiwane.

1981 – Le 1er film indépendant ghanéen, Love brewed in an african pot de Kwaw Ansah (Ghana, 125′), une romance en anglais dans le Ghana colonial, rencontre un immense succès populaire en Afrique anglophone.

1981 – Création du Fonds d’aide au cinéma en Egypte, mais continuation de la censure.

1981 – 7ème Fespaco ; Thème : La production et la distribution. Étalon de Yennenga : Djeli de Fadika Kramo-Lanciné (Côte d’Ivoire), sur l’amour face aux oppositions de castes.

1981 – Création du collectif de cinéastes L’Oeil vert, visant à se séparer de l’emprise de la France et de l’Europe.

1981 – Création du Symposium panafricain du film (Mogpafis) à Mogadiscio (Somalie), biennal.

3. 1982-1998 : économie de marché et individuation

Les nationalisations ont limité la liberté des cinéastes et la diffusion internationale de leurs films. Partout au Sud du Sahara les Etats se désintéressent tant financièrement que réglementairement de la filière cinématographique qui va s’effondrer et disparaître dans la plupart des pays. L’échec des tentatives des rares structures transafricaines révèle les égoïsmes nationaux, la prédation de quelques acteurs, et privilégie les visions de court terme. Les réalisateurs délaissent progressivement les idéaux panafricains et se tournent vers l’économie de marché, tandis que la conscientisation collective laisse place à une introspection romanesque.

 

1982 – Tanit d’or des 9ème JCC à Finyé (Le Vent) du Malien Souleymane Cissé (107′), sur deux adolescents de milieux différents en révolte contre les autorités.

1982 – Colloque sur la production cinématographique en Afrique à Niamey qui débouche sur un manifeste proposant notamment un marché du cinéma africain, que le Fespaco créera en 1983 (il deviendra le MICA en 1987).

1983 – Le Camerounais Jean-Marie Teno réalise son premier documentaire Schubbah (15’), début d’une grande carrière de documentariste autoproduit.

1983 – 8ème Fespaco ; Thème : Le cinéaste africain face à son public. L’Étalon de Yennenga, remis par Thomas Sankara, alors Premier ministre, va également à Finyè (Le Vent) de Souleymane Cissé qui remporte ainsi son 2ème étalon d’or.

1983 – My Country, My Hat, thriller documentaire de David Bensusan (84’), décrit les souffrances engendrées par le “pass” en Afrique du Sud.

1984 – Tanit d’or des 10ème JCC à Les Rêves de la ville (120′), de Mohamed Malas, rénovateur du cinéma syrien.

1984 – Faillite du CIDC et de CIPROFILM.

1984 – Yeelen (La Lumière) du Malien Souleymane Cissé (104′), parcours initiatique d’un fils pour avoir les pouvoirs magiques que son père détient jalousement, est le premier long métrage d’un Africain du Sud du Sahara primé au festival de Cannes.

1985 – 9ème Fespaco – orientation révolutionnaire, les cinéastes participent symboliquement à la « bataille du rail » ; Ouverture à la diaspora (hors-compétition). Thème : Cinéma et libération des peuples – Colloque : Littérature et cinéma africain. Étalon de Yennenga : Histoire d’une rencontre de Brahim Tsaki (Algérie), sur les rapports Nord/Sud. IIIe Congrès de la FEPACI, dit de « la Renaissance ».

1985 – Création des Rencontre des Cinémas du Monde Noir (festival Racines noires) à Paris.

1985 – Portrait croisé de trois femmes, Visages de femmes de l’Ivoirien Désiré Ecaré (105’) est interdit durant un an pour obscénité, ce qui lui fait une énorme publicité.

1986 – Tanit d’or des 11ème JCC à L’Homme de cendres de Nouri Bouzid (Tunisie, 148′), sur le traumatisme de deux garçons violés.

1986 – Yam Daabo (Le Choix) du Burkinabè Idrissa Ouedraogo (80′) marque un nouveau type de récit proche du roman.

1986 – Création de l’African Film Week à Nairobi (Kenya).

1987 – Avec Tabataba (90’), Raymond Rajaonarivelo dénonce la répression de l’insurrection malgache de 1947.

1987 – 10ème Fespaco – intégration de la compétition « diaspora » avec le prix Paul Robeson ainsi que la compétition « télévision et vidéo », et ouverture plus affirmée aux pays anglophones ; Thème : Cinéma et identité culturelle – Colloque : Tradition orale et nouveaux médias. Étalon de Yennenga : Sarraounia de Med Hondo (Mauritanie/Burkina Faso/France), sur une reine en lutte contre le colonialisme. 3

1987 – Camp de Thiaroye de Sembène Ousmane et Thierno Faty Sow (150′) évoque le massacre des tirailleurs qui exigeaient le paiement intégral de leurs indemnités de guerre. Coproduction réussie entre l’Algérie, la Tunisie et le Sénégal, le film obtient le Grand prix du Jury à Venise et aux JCC.

1987 – Fonds d’aide à la production au Maroc.

1988 – Bal poussière d’Henri Duparc (91′), sur la polygamie, marque la naissance de la “comédie à l’africaine”.

1988 – Avec Mortu Nega (85’), le Bissau-Guinéen Flora Gomes souligne la continuité entre la lutte anti-coloniale et le combat pour le développement.

1988 – Tanit d’or des 12ème JCC à Noces en Galilée du Palestinien Michel Khleïfi (113′), affrontement entre un militaire et un patriarche.

1988 – Avec Yaaba (90′), parcours initiatique de deux enfants qui apprennent à dépasser les préjugés, le Burkinabè Idrissa Ouedraogo réalise une ode à la tolérance. Le Sénégalais Djibril Diop Mambety en documente le tournage avec Parlons Grand-mère (34’).

1989 – 11ème Fespaco, partiellement boycotté par les cinéastes après l’assassinat de Thomas Sankara ; Thème : Cinéma et développement économique – Colloque : Cinéma femmes et pauvreté. Étalon de Yennenga : Heritage Africa du Ghanéen Kwaw Ansah (125’), sur l’aliénation des colonisés.

1989 – Création de la Cinémathèque africaine à Ouagadougou, placée sous tutelle du Fespaco (inondation en 2009).

1989 – Chute du mur de Berlin, puis dissolution de l’Union soviétique.

1989 – Union du Maghreb arabe (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie).

1990 – Indépendance de la Namibie.

1990 – Sommet franco africain à La Baule : lien affirmé entre l’aide de la France et la démocratisation des États.

1990 – Tanit d’or des 13ème JCC à Halfaouine, l’enfant des terrasses du Tunisien Férid Boughedir (95′), sur un jeune partagé entre les mondes des hommes et des femmes.

1991 – 12ème Fespaco ; Thème : Cinéma et environnement – Colloque : Partenariat et cinéma africain. Étalon de Yennenga : Tilaï du Burkinabè Idrissa Ouedraogo (81’), une tragédie qui interroge le rapport à la tradition.

1991 – Hyènes (110’) marque le retour du Sénégalais Djibril Diop Mambety : adaptation de La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt, sur la cupidité de ces hyènes que sont devenus les hommes.

1991- La comédie Gito l’ingrat de Leonce Ngabo (90’) est le premier long métrage du Burundi, sur un Noir tiraillé entre une Blanche et une Noire.

1991 à 1995 – Accords de coproduction cinématographiques bilatéraux impulsés par Dominique Wallon, directeur général du CNC français, entre la France et le Burkina Faso (1991), le Sénégal (1992), le Cameroun (1993), la Guinée (1993), la Côte d’Ivoire (1995).

1992 – Kawilasi – Sabi, la mort et moi de Blaise Kilouzou Abalo (90’), premier long métrage du Togo, enquête sur un meurtre énigmatique.

1992 – Avec Lumière noire (103′), le Mauritanien Med Hondo adapte un roman du Français Didier Daeninckx sur les liens entre un crime et l’expulsion de 101 Maliens.

1992 – Nigeria : la ruine de l’économie empêche les tournages en pellicule et l’insécurité a entraîné la fermeture des salles. Tourné en vidéo et diffusé dans ce circuit, Living in Bondage de Chris Obi Rapu (163′), histoire de culte satanique permettant d’être riche, rencontre un énorme succès. Un cinéma populaire et bon marché est né qui forgera une industrie : Nollywood.

1992 – Avec Guelwaar (111’), Sembène Ousmane appelle à ne compter que sur ses propres forces pour accéder à la dignité.

1992 – Tanit d’or des 14ème JCC à La Nuit du Syrien Mohamed Malas (115′), où un fils cinéaste tente de reconstituer le parcours de son père, combattant pour la Palestine.

1993 – Indépendance de l’Erythrée.

1993 – 13ème Fespaco ; Thème : Cinéma et libertés – Colloque : Cinéma et droits de l’enfant. Étalon de Yennenga : Au nom du Christ de l’Ivoirien Gnoan Roger M’Bala (90’), qui évoque avec humour la prolifération des sectes.

1993 – La comédie où un musicien de milieu aisé s’éprend d’une prostituée, Rue princesse de l’Ivoirien Henri Duparc (88′), cherche à banaliser le préservatif.

1994 – Création de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) entre Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Togo, Niger et Bénin.

1994 – Création de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) entre Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République du Congo et Tchad.

1994 – Dévaluation de 50 % du franc CFA.

1994 – Création du Festival international du cinéma d’auteur de Rabat (Maroc).

1994 – Génocide au Rwanda.

1994 – Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud.

1994 – Tanit d’or des 15ème JCC à Les Silences du palais de la Tunisienne Moufida Tlatli (124′), rudes souvenirs des servantes du Bey.

1995 – 14ème Fespaco ; Thème : Cinéma et histoire de l’Afrique. Étalon de Yennenga : Guimba du Malien Cheick Oumar Sissoko (94’), sur l’ascension et la chute d’un cruel despote. <

1995 – Dans Keïta ! l’héritage du griot (100′), le Burkinabè Dani Kouyaté fait raconter par un griot à un enfant l’épopée du fondateur de l’empire mandingue, évitant ainsi un grand budget .

1996 – Création au Cap du Sithengi Film & Television Market (jusqu’en 2006).

1996 – Tsitsi Dangarembga réalise Everyone’s Child sur des enfants dans la misère (90’), premier long métrage de fiction réalisé par une femme noire zimbabwéenne.

1996 – Trois longs métrages marquant la permanence culturelle kabyle sont tournés dans cette langue en Algérie : Machaho (Belkacem Hadjadj, 90′), La Colline oubliée (Abderrahmane Bourgemouh, 135′) et La Montagne de Baya (Azzedine Meddour, 107′, 1997), et rencontrent un grand succès.

1996 – Le Ghana vend 70 % des parts du GFIC à la Malaysian television production company. Effondrement de l’industrie du cinéma, remplacé par la vidéo (“Gollywood” pour les films en anglais, “Kumawood” pour les films en twi). On retrouve ce phénomène d’une production vidéo en langue locale au Kenya (“Riverwood”), en Tanzanie (“Swahiliwood” et “Bongowood”) et dans la diaspora somalienne (“Somaliwood”).

1996 – Fools de Ramadan Suleman (90’), sur l’auteur d’un viol impuni, est le premier long métrage réalisé par un Noir sud-africain après l’apartheid (Thomas Mogotlane avait co-écrit Mapantsula d’Oliver Schmitz en 1988).

1996 – Tanit d’or des 16ème JCC à Salut cousin de l’Algérien Merzak Allouache (98′), sur un jeune pris entre le carcan de la société algérienne et la dureté de la vie à Paris.

1997 – 15ème Fespaco : Thème : Cinéma, enfance et jeunesse. Étalon de Yennenga : Buud Yam (97’) où le Burkinabè Gaston Kaboré explore la quête d’identité en donnant à la manière d’un conte une suite à Wend Kuuni (1982).

1997 – Youssef Chahine présente son 33ème film Le Destin (135′) au festival de Cannes. Il reçoit le prix du 50ème anniversaire pour l’ensemble de son œuvre.

1997 – Première édition du festival des Écrans Noirs à Yaoundé.

1997- Loi de la National Film and Video Foundation Act en Afrique du Sud qui met en place deux fonds publics de soutien au cinéma et à la vidéo et promeut la diversité. Parallèlement le duopole Ster-Kinekor et NU Metro, groupes intégrés qui dominent la distribution, se lancent dans la construction de multiplexes.

1998 – Absorption du ministère français de la Coopération par le ministère des Affaires étrangères.

1998 – Décès du Sénégalais Djibril Diop Mambety, qui n’aura pas eu le temps de terminer sa trilogie sur “les gens francs” après Le Franc (1994, 45’) et La Petite vendeuse de soleil (1998, 45’).

1998 – Première édition du Zanzibar International Film Festival (ZIFF) qui prime Maangamizi : The Ancient One du Tanzanien Martin Mhando et de l’Américain Ron Mulvihill (110’), confrontation entre la psychiatrie occidentale et la spiritualité est-africaine.

1998 – Tanit d’or des 17ème JCC à Vivre au paradis de Bourlem Guerdjou (105′), sur la dure vie des immigrés durant la guerre d’Algérie.

1998 – Guilde africaine des réalisateurs et producteurs, qui développe la solidarité des cinéastes, édite un bulletin et critique les pratiques existantes.

4. Depuis 1998 : Renouvellement esthétique et révolution numérique

Une nouvelle génération de réalisateurs propose un renouveau thématique et esthétique radical, tandis que peu à peu le numérique allège les contraintes techniques et financières, permettant un élargissement de la production et favorisant la circulation des films, brouillant toutefois les frontières entre les différentes formes cinématographiques et audiovisuelles, l’Afrique anglophone montrant un dynamisme à la suite d’un Nigeria qui devient l’un des premiers producteurs mondiaux de (vidéo)films.

 

1998 – Avec Bye Bye Africa (86’), Mahamat-Saleh Haroun réalise le premier long métrage tchadien et un manifeste pour un nouveau cinéma. Le Mauritanien Abderrahmane Sissako propose lui aussi avec La Vie sur terre (61’) un nouveau positionnement dans le monde.

1999 – 16ème Fespaco, dans un pays électrisé par l’assassinat du journaliste Norbert Zongo ; Thème : Cinéma et circuits de diffusion en Afrique. Étalon de Yennenga : Pièces d’identités du Congolais Ngangura Mweze (93’), où un roi africain à la recherche de sa fille découvre la diversité des habitants de Bruxelles.

2000 – Création de la Namibia Film Commission.

2000 – Avec Faat Kiné (90’), portrait de femmes de trois générations, Sembène Ousmane défend l’égalité des droits hommes-femmes.

2000 – Tanit d’or des 18ème JCC à Dolé du Gabonais Imunga Ivanga (92′), sur une bande de gamins face au pouvoir de séduction de l’argent.

2001 – 17ème Fespaco ; Thème : Cinéma et nouvelles technologies. Étalon de Yennenga : Ali Zaoua du Marocain Nabil Ayouch (90’), regard réaliste et poétique sur les enfants des rues.

2001 – Création au Cameroun du compte d’affectation spéciale annuel qui finance la culture.

2001 – Transformation de l’OUA en Union Africaine.

2002 – Le programme Africadoc de résidences d’écriture pour des documentaires de création est lancé par Ardèche Images (France) et permet la réalisation de multiples films et la constitution d’un réseau d’associations et de festivals. Le documentaire se développe dans toute l’Afrique.

2002 – Tanit d’or des 19ème JCC à Le Prix du pardon du Sénégalais Mansour Sora Wade (90′), une fable sur les conséquences de la jalousie.

2002 – Ouverture du premier multiplexe au Maroc à Casablanca sous l’enseigne Mégarama, qui y possède en 2020 une cinquantaine d’écrans sur six établissements, et une filiale de distribution couvrant un tiers du marché.

2002 – Institution du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (FOPICA)  au Sénégal (dotation en 2014).

2003 – 18ème Fespaco ; Thème : Le comédien dans la création et la promotion du film africain ; Étalon de Yennenga : En attendant le bonheur (Heremakono) du Mauritanien Abderrahmane Sissako (95’), où un jeune qui ne parle pas la langue essaie de déchiffrer l’univers qui l’entoure.

2003 – Nomination de Nour-Eddine Saïl à la tête du Centre du cinéma marocain, qui accroît et dynamise le soutien public à toute la filière cinéma au Maroc, pays qui devient (et demeure en 2021) le premier producteur de films et le pays ayant le plus de salles de cinéma de toute l’Afrique francophone.

2003 – Manifeste contre l’excision, Moolaadé (117’) est la dernière œuvre de Sembène Ousmane, appelé “l’aîné des anciens”, qui décède en 2007.

2004 – Dans une cour africaine se tient un procès contre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international : c’est Bamako du Mauritanien Abderrahmane Sissako (118’), qui rencontre un succès mondial.

2004 – Réapparition des salles au Nigeria : multiplexes Silverbird dans les centres commerciaux, sur le modèle sud-africain.

2004 – Privatisation après faillite de la SONACIB, reprise par l’ARPA (Association des réalisateurs et producteurs africains) d’Idrissa Ouedraogo, mais échec et vente des salles en 2006.

2004 – Tanit d’or des 20ème JCC : À Casablanca, les anges ne volent pas du Marocain Mohamed Asli (97′), sur les affres de l’exode rural.

2004 – Création durant les JCC de la Fédération africaine de la critique cinématographique (africine.org).

2005 – Les Saignantes du Camerounais Jean-Pierre Bekolo (92’) tente de renouveler l’esthétique des films en conjuguant humour, horreur et action.

2005 – 19ème Fespaco ; Thème : Formation et enjeux de la professionnalisation. Deux autres étalons sont décernés (argent et bronze) si bien que l’Etalon de Yennenga devient l’étalon d’or, décerné à Drum ddu Sud-Africain Zola Maseko (104’), portrait d’un journaliste noir à Sophiatown.

2005 – Succès international de films sud-africains : U-Carmen eKhayelitsha, drame musical de Mark Dornford-May (120’), remporte l’ours d’or à la Berlinale. En 2006, Mon nom est Tsotsi, thriller social de Gavin Hood (94’) remporte l’Oscar du meilleur film étranger (Academy Award for Foreign Language Film).

2006 – Tanit d’or des 21ème JCC à Making of du Tunisien Nouri Bouzid (120′), film novateur sur la tentation islamiste chez les jeunes.

2006 – Irapada de Kunle Afolayan (120’), thriller surnaturel en yoruba, est le premier film de la Nouvelle vague nigériane, « New Nollywood », qui tourne en pellicule avec davantage d’investissements et des sponsors. Le Fonds d’aide du gouvernement et d’Ecobank « Project Nollywood » soutient la production de films de qualité.

2006 – Premières Rencontres du film court à Antananarivo.

2007 – 20ème Fespaco ; Thème festival et colloque : Cinéma africain et diversité culturelle – Panel : Cinéma d’auteur et cinéma populaire d’Afrique. Étalon d’or : Ezra de Newton Aduaka (110’), cinéaste de la diaspora nigériane et non de Nollywood, sur le traumatisme des enfants-soldats.

2007 – L’Algérien Amor Hakkar tourne entièrement en langue chaouie La Maison jaune (87′), sur une famille qui retrouve en vidéo les images de leur fils unique décédé.

2007 – Nollywood est en crise de surproduction (2700 films sortis dans l’année) : le manque de créativité, la piraterie, l’internet et la concurrence des chaînes spécialisées sapent la rentabilité des films.

2008 – Création de l’Office National du Cinéma de Côte d’Ivoire (ONAC-CI) et d’un fonds de soutien à l’industrie cinématographique (FONSIC).

2008 – Création du Centre national de la cinématographie du Niger .

2008 – Le Tanit d’or des 22ème JCC va à Teza de Haïlé Guerima (140′), allégorie sur les déchirures de la guerre civile éthiopienne.

2009 – 21ème Fespaco, avec de gros problèmes d’organisation (« la fespagaille ») ; Thème : Cinéma africain : Tourisme et patrimoines culturels. Étalon d’or : comme aux JCC, Teza de Hailé Gerima.

2009 – The Figurine, un autre thriller surnaturel de Kunle Afolayan (122′), fait une carrière internationale qui sacre le « nouveau cinéma nigérian ».

2010 – Un homme qui crie de Mahamat-Saleh Haroun (100′), sur une Afrique déchirée par ses contradictions meurtrières, est le premier film africain depuis 13 ans à être en compétition officielle au festival de Cannes où il obtient le Prix du jury.

2010 – L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) annonce financer une étude de faisabilité d’un Fonds Panafricain du Cinéma et de l’Audiovisuel (FPCA) qui serait géré par la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), mais après cinq ans de travail, il ne verra jamais le jour.

2010 – Tanit d’or des 23ème JCC pour Microphone de l’Egyptien Ahmad Abdalla (120′), où un jeune côtoie la scène artistique underground à Alexandrie.

2010 – Ster-Kinekor construit un premier multiplexe (six salles) au Lesotho. Il en ouvre en Namibie, Zambie et Zimbabwe.

2011 – Révolutions en Tunisie et en Egypte, début des “printemps arabes”.

2011 – 22ème Fespaco ; Thème : Cinéma africain et Marchés. Étalon d’or : Pégase du Marocain Mohamed Mouftakir (104’), où une psychiatre essaye de percer le traumatisme d’une patiente confrontée au machisme.

2011 – Création du Centre national du cinéma et de l’image de Tunisie.

2011 – Fonds national d’appui aux artistes tchadiens.

2012 – Election de l’islamiste Mohamed Morsi à la présidence égyptienne, renversé par un coup d’Etat en 2013. Forte instabilité et aggravation de l’autoritarisme et des inégalités sociales dans les Etats arabes.

2012 – Tanit d’or des 24ème JCC pour La Pirogue du Sénégalais Moussa Touré (87′) où des émigrés tentent de traverser la mer.

2013 – 23ème Fespaco ; Thème : Cinéma africain et politiques publiques en Afrique. Étalon d’or : Tey (Aujourd’hui) du Sénégalais Alain Gomis (86’), où sans jamais parler un homme en transition vers la mort revoit sa vie et interroge sa place dans le monde.

2013 – Timbuktu (97’), où le Mauritanien Abderrahmane Sissako choisit la dérision pour dévoiler l’hypocrisie des Djihadistes, rencontre le plus gros succès en salles en France d’un film réalisé par un Africain (1,7 million d’entrées).

2013- Ster-Kinekor construit la première salle Imax sur le continent à Durban (Afrique du Sud).

2014 – Dotation du Fonds de Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA) au Sénégal, institué en 2002.

2014 – Tanit d’or des 25ème JCC pour Omar du Palestinien Hany Abu-Assad (96′), où un activiste palestinien échappe à la prison en échange d’une promesse de trahison.

2015 – 24ème Fespaco ; fin de l’obligation de fournir une copie 35 mm pour la compétition. Thème : Cinéma africain : Production et diffusion à l’ère du numérique. Étalon d’or : Fièvres du Marocain Hicham Ayouch (90’), où en banlieue parisienne un jeune tourmenté va vivre chez son père qu’il ne connaît pas.

2015 – Débuts de la télévision numérique terrestre en Afrique.

2015 – Les JCC deviennent annuels et décernent le Tanit d’or de leur 26ème édition à L’Orchestre des aveugles du Marocain Mohamed Mouftakir (110′), allégorie de la galaxie politique du début du règne d’Hassan II.

2016 – Le Congolais installé en Ouganda Arnold Aganze réalise avec moins de 3000 $ la comédie N.G.O. – Nothing’s Going On (82’), sélectionné dans de nombreux festivals.

2016 – Les 27ème JCC attribuent leur tanit d’or à un documentaire : Zaineb n’aime pas la neige de la Tunisienne Kaouther Ben Hania (94’), qui suit sur six années une famille qui s’installe au Canada.

2016 – Le groupe Bolloré lance en Afrique francophone un programme de construction d’une cinquantaine de salles Canal Olympia, mono-écrans adossés à une scène de spectacle en plein air.

2016 – La plateforme Netflix de vidéos en streaming se lance dans 130 nouveaux pays et notamment les 54 pays africains.

2017 – 25ème Fespaco, dont la sélection afflige tous les professionnels ; Thème : Formation et métiers du cinéma et de l’audiovisuel. 2ème étalon d’or pour le Sénégalais Alain Gomis avec Félicité (100’) où une mère-courage échappe à la désespérance en acceptant d’être aimée.

2017 – Tanit d’or des 28ème JCC : Le Train de sel et de sucre du Mozambicain Licínio Azevedo (93’), où le merveilleux s’instille en pleine guerre civile.

2018 – Tanit d’or des 29ème JCC : Fatwa du Tunisien Mahmoud Ben Mahmoud (102’) sur la montée des salafistes.

2019 – 26ème Fespaco ; cinquantenaire du festival et amélioration de la sélection. Thème : Confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricain dans son identité, son économie et sa diversité. Étalon d’or : The Mercy of the Jungle du Rwandais Joël Karekezi (91’), où une jeune recrue et un sergent doivent affronter la jungle et les rebelles.

2019 – Création du Réseau d’exploitants et de distributeurs africains (REDA) qui regroupe 18 salles (Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Niger, Burkina Faso, Tchad) et entend privilégier le contenu africain.

2019 – Avec le Grand prix du jury, le 72ème festival de Cannes prime pour la première fois une réalisatrice noire : la Sénégalaise Mati Diop pour Atlantique (104’), film fantastique où les morts réclament justice et les femmes s’émancipent.

2019 – Tanit d’or des 30ème JCC : Noura rêve de la Tunisienne Hinde Boujemaa (90’) où une femme doit affronter son mari qui sort de prison.

2019 – Pathé Gaumont lancent un programme de construction de multiplexes en Afrique francophone : Tunis, Rabat et Dakar avant la Côte d’Ivoire.

2020 – Annonce du remplacement du franc CFA par l’ECO dans huit pays d’Afrique de l’Ouest.

2020 – Netflix diffuse sa première série entièrement produite en Afrique, Queen Sono, série sud-africaine d’espionnage.

2020 – Les 31ème JCC n’ont pas de compétition en raison de la covid-19 et privilégient les films du patrimoine et la réflexion sur l’avenir du festival.

2021 – Showmax tourne à Johannesbourg en collaboration avec CANAL+ la série Blood Psalms, présentée comme le « Game of Thrones africain », épopée sanglante basée sur la mythologie pré-coloniale de l’Afrique du Sud.

2021- Premier distributeur de film et exploitant de cinéma en Afrique, Ster-Kinekor possède 55 établissements et 424 écrans, son concurrent NU Metro 22 établissements.

2021 – L’Afrique compte 34 millions d’abonnés à la télévision payante.

 

 

Author: Olivier Barlet

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4 Comments

  1. 1962 film LA CAGE Philippe MAURY et Robert Darenne avec Marina Vlady
    1986:
    Raphia de Dread Pol MOUKETA Cœur métrage T anit d’or du Court métrage. Journées Cinématographiques de Carthage !

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    • Merci Paul, La Cage n’est crédité que Robert Darenne à la réalisation dans le générique, sur une idée de Philippe Maury entre autres… A son niveau, le film a été présenté comme mémoire de fin d’études à l’IDHEC en 1962. Sinon, nous n’avons pas retenu les courts métrages : cela aurait été trop pour un article, il faudrait un livre ! amitiés. Olivier

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  2. Merci Tony, ce n’est effectivement que le prélude à un livre en cours d’écriture !!

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