Dahomey : restituer des œuvres d’art à l’Afrique

Sortie France : 11 septembre 2024
LM Documentaire de Mati Diop, France / Sénégal / Bénin, 2024
Distribution : Les Films du Losange

La présence d’œuvres d’art provenant du patrimoine africain dans les musées européens, témoigne encore de la puissance de la colonisation. Elle a permis de récupérer des éléments essentiels de l’histoire africaine en les déportant comme pour mieux la réécrire, ou la posséder. L’annonce d’une restitution, affirmée par le président français Emmanuel Macron, en visite à Ouagadougou, le 28 novembre 2017, paraissait ouvrir une brèche.  » Le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens « , estime t-il alors.  » D’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique.  »
En entendant ce discours, la réalisatrice franco sénégalaise Mati Diop reçoit un choc.  » La gifle, c’était me rendre compte que la question du patrimoine africain, accaparé par les musées européens, était restée, chez moi, un impensé « , explique t-elle.  » Ce n’était pas la première problématique postcoloniale qui me venait à l’esprit. J’étais plus sensible à la question de la migration des jeunes Sénégalais, à laquelle j’ai consacré plusieurs films.  » On se souvient en effet, de Atlantiques, 2010, qui parle des disparus en mer, de Mille Soleils, 2013, hommage à son oncle Djibril Diop Mambety où il est question de partir, et de Atlantique, 2019, son premier long-métrage de fiction sur l’émigration des jeunes à Dakar.

La réalisatrice engage ainsi un documentaire de plus d’une heure, traité comme une fiction un peu fantastique, Dahomey , qui obtient l’Ours d’or à la Berlinale 2024. Le titre du film rappelle l’ancien nom du pays, devenu le 30 novembre 1975, la République populaire du Bénin. On y suit le retour de 26 œuvres, déplacées du Musée du Quai Branly à Paris, jusqu’à leur débarquement à Cotonou au Bénin, le 10 novembre 2021. Les objets, pillés en 1892 par les troupes coloniales françaises, sont destinés à intégrer un espace dédié à la mémoire du Bénin. Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique déjà amorcée par la Belgique ou l’Allemagne comme un geste de repentance.
La situation des oeuvres emportées est évoquée dans le film par une voix off, provenant de la statue anthropomorphique du roi Ghézo. Cette sculpture a été répertoriée sous le  » numéro 26  » dans les réserves du musée français et sa voix déplore dans la langue du Bénin, le fon, la perte d’identité qui en découle. Une dépossession accentuée par l’arrachement à la terre originelle, les douleurs de l’exil, avant l’émotion du retour à Cotonou. La question du rapatriement des objets représentant des ancêtres dans un pays qui a du construire son histoire sans eux, est âprement débattue par des étudiants de l’Université de Abomey Calavi au cours du film.

 

Lire la suite sur le site africine.org

Author: Michel Amarger

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