Les clichés de Camille Lepage prennent une nouvelle dimension dans une fiction française, tournée en République centrafricaine. Camille de Boris Lojkine retrace les séjours de la photographe en pleine guerre civile, avant sa mort dans une embuscade, le 12 mai 2014. Fauchée à 26 ans, la baroudeuse a eu le temps de participer au Printemps arabe du Caire, avant de gagner le Sud Soudan où elle travaille pour l’AFP [Agence Française de Presse, ndlr], puis de s’immerger en indépendante,huit mois dans les conflits centrafricains.
C’est cette période que retrace Camille, épousant le choc de la Française au cœur des réalités africaines. Comme elle, Boris Lojkine s’est investi en Centrafrique en travaillant sur des formations cinéma pour les Ateliers Varan après avoir réalisé sur le continent, Hope, 2014, qui l’a fait connaître. Normalien passé à l‘aventure en vivant au Vietnam où il a signé deux documentaires, le réalisateur français reste à l’affut du réel pour Camille.
Après un prologue signalant l’assassinat de Camille Lepage, on suit ses premiers contacts en Centrafrique, en octobre 2013. La Séléka, coalition de groupes rebelles musulmans, a pris le pouvoir à Bangui en s’imposant par les armes. Camille fait des photos en assistant à la montée des Anti-balakas, les miliciens d’auto-défense, bardés de gris-gris, qui défient la Séléka. La photographe approche des étudiants de Bangui. Parmi eux, Cyril, rappeur qui devient militant Anti-balaka, Leila, fille d’un musulman et d’une chrétienne, sacrifiée sur l’autel des violences, et Abdou, musulman contraint à l’exil.
Camille assiste à l’embrasement de Bangui puis intègre un groupe de journalistes français qui s’avancent en région. Ses photos intéressent le quotidien parisien Libération et inaugurent sa renommée. Une pause familiale à Angers pour se ressourcer, motive Camille à repartir en Centrafrique pour mieux témoigner des enjeux des conflits. Elle se rapproche des Anti-balakas, sur les traces de Cyril, devenu un chef offensif. En suivant leurs exactions revanchardes, Camille saisit des photos à vif jusqu’au bout.
« Camille n’est pas un biopic au sens ordinaire », relève Boris Lojkine.