Avec Atlantique, Mati Diop s’est vue investie de la lourde charge de représenter l’Afrique dans la compétition du Festival de Cannes 2019. Un challenge qui lui a apporté le Grand Prix mais aussi des réactions controversées autour de cette coproduction entre la France où elle est née, le Sénégal qui a beaucoup donné avec le FOPICA, et la Belgique. Car Mati Diop, nièce du fameux Djibril Diop Mambéty à qui elle a rendu hommage avec Mille soleils, 2013, avance une oeuvre éclectique.
Formée au Studio du Fresnoy, en France, où elle est sensibilisée aux films formels, aux installations, elle signe Snow Canon, 2011, Big in Vietnam, 2012, après un court-métrage sénégalais, Atlantiques, 2009, prélude à Atlantique, 2019. Cette fois, il ne s’agit plus d’un essai suggestif sur le récit de la traversée d’un clandestin, évoqué sur une plage de nuit, mais d’une fiction ambitieuse sur la migration, l’amour, la mort…
« Atlantique raconte l’histoire d’une jeune fille qui, suite au départ en mer de celui qu’elle aime, se retrouve face à un mariage arrangé avec un homme immigré qu’elle ne désire pas mais qu’elle doit accepter pour satisfaire sa famille », retrace Mati Diop. « C’est le retour de Suleiman et son saccage du mariage qui donne une deuxième chance à Ada. Comme un réveil, un deuxième souffle. »
La réalisatrice ancre son histoire à Dakar avec des ouvriers de chantier, révoltés de ne pas être payés depuis trois mois, qui partent en barque, en clandestins, vers l’Espagne. Leur disparition bouleverse la vie des femmes, pénétrées par leurs esprits, réclamant leur argent au riche patron. Un inspecteur enquête sur le feu qui brise le mariage de Ada. Il la suit, traque les mauvais esprits avant d’être rattrapé par les fantômes qui occupent le terrain.