L’inauguration officielle de l’Imaginaïre, bâtiment abritant le village documentaire de Lussas (Ardêche), le 1er décembre 2018 était l’occasion d’une réunion des programmateurs de Tënk, la plateforme VOD de documentaire de création lancée il y a deux ans (www.tenk.fr).
La préfète de l’Ardêche était absente, devant gérer les manifestations des gilets jaunes dans le département, mais ceux-ci étaient bien là. Ils ont marqué leur présence (slogan : « vos apéros sont nos impôts ») mais n’ont pas empêché les officiels (député, conseillère régionale, président du département, président de la communauté de communes, maire – cf. photo) de prononcer leurs discours en présence d’une forte assistance : voici l’Imaginaïre, bâtiment du village documentaire, inauguré, à la fois lieu d’enseignement et ruche créative. 1500 m2 pour loger un pôle de l’image documentaire regroupant Ardèche Images et la maison du doc, l’école du documentaire, Docmonde et Tënk.
Tënk, Jean-Marie Barbe l’a évoqué lors de son discours introductif. Documentariste originaire de Lussas et à l’origine de la spécialisation de ce village d’un millier d’habitants, avec la création des Etats généraux du documentaire qui s’y tiennent chaque année en août depuis 30 ans, devenus un incontournable rendez-vous. Son émotion a atteint la salle lorsqu’il a évoqué cette aventure collective, mais il a voulu situer cette inauguration dans son avenir : « une rampe de lancement, porteur de défis et de dynamique pour aujourd’hui et les décennies à venir ».
Et de citer la chorégraphe Maguy Marin : « Un merci infini aux vivants et aux morts qui par leurs images et leurs actes ont tracé le chemin rocailleux du courage et de l’insoumission, qui nous ont transmis la force pour donner forme à la rabbia et la vergogne que nous inspire l’injustice du monde ». Et face à aux inégalités sociales, aux rêves écologiques sans lendemain, aux autoritarismes des nationalistes qui préparent la guerre, aux médiocrités médiatiques et à la désespérance accumulée, dire avec Chris Marker : « Notre passion documentaire, c’est d’abord celle de comprendre ! Pour enchanter ! ».